La base Aérienne de Toul ; BA 136 (1ère partie)

Histoire de la BA 136

L’histoire de la 11 ème Escadre de Chasse, dans sa dernière partie (1967 – 1997) est indissociable de celle de sa base support, la BA 136 de Toul Rosières. Gérard Bize qui y a exercé des fonctions techniques pendant de nombreuses années a effectué un travail remarquable en écrivant l’histoire de cette base aérienne. Cet article est consacré à la première partie ; les Américains viennent de partir et l’Armée de l’Air Française vient prendre possession des lieux. 

Les années “CHENET” (1967 – 1968)

Nous sommes le 21 mars 1967, le drapeau Américain est descendu pour la dernière fois sur la base américaine de Toul Rosières (TRAB).  Le 7544th Support Group vient d’être réactivé pour opérer la fermeture de la base et rendre le terrain aux français…

 Les français, en effet, vont reprendre le terrain de Rosières. La France vient de se retirer du commandement intégré de l’Otan, les bases et dépôts de matériels de France sont fermés. Les américains se retirent, soit vers l’Allemagne, soit vers l’Angleterre ou les USA. Le 21 décembre 1966, une première délégation de la base aérienne française 136 de Bremgarten, en Allemagne, se rend à Toul-Rosières avec la délicate mission d’engager les négociations avec les Américains pour la reprise du terrain. On imagine aisément la dose de diplomatie qui leur faut pour entamer les discussions ; les Américains qui se retirent se sentent quelque peu chassés de cette terre de France qu’ils sont venus, naguère, sauver de la botte nazie.

BA 136 Premiers travaux
BA 136 Premiers travaux

C’est donc la base aérienne 136 de Bremgarten, en Allemagne, qui a été retenue pour occuper le terrain de Toul-Rosières après le départ de l’US Air Force en Europe (USAFE). Cette décision a été annoncée par voie de presse par monsieur Jacques Chirac, alors secrétaire d’Etat, chargé des problèmes et de l’emploi, lors d’une conférence avec les médias. Deux escadres aériennes françaises vont être rapatriées d’Allemagne pour combler le déficit laissé par le départ des américains. 

Les opérations de transfert sont planifiées dès le début de 1967. Des entreprises françaises sont requises pour effectuer les premiers travaux d’infrastructure, rendus nécessaires pour l’arrivée des Français. Ces entreprises vont cohabiter, un certain temps avec les Américains, une situation parfois assez délicate.

Le 17 avril 1967, l’échelon précurseur de Bremgarten quitte l’Allemagne, pour s’installer sur l’ancienne base américaine de Rosières. Le constat effectué à l’arrivée est assez impressionnant. Les  Américains  ont presque tout emporté, du gazon, qu’il suffisait d’enrouler, à certains lavabos des sanitaires, tout ce  qui composait l’ambiance “made in USA” a disparu. Ils ont laissé derrière eux un immense dépôt de ferraille et d’objets divers. Tout ce qui n’a pas été emporté est resté là. La première opération, après le recensement des installations, est un grand nettoyage pour libérer les espaces saturés…

D’autre part, la totalité des installations ne sera pas reprise. Des bâtiments, comme le bowling, les logements de la zone Roussillon, les mess escadrons, tout ce qui ne correspond pas à la philosophie des bases aériennes françaises sera soit démoli ou désaffecté.

Le 15 mai 1967, le Lieutenant-colonel Espieux, accompagné de 150 hommes, prend le commandement de la BA 136 de Toul-Rosières “à titre provisoire”. Le transfert du personnel et du matériel de Bremgarten doit se faire en cinq phases, selon le bon vieux principe de la “tache d’huile”. C’est ce que préconise le document de travail élaboré par l’Etat-major de l’Armée de l’air. Toutes les opérations de transfert doivent être achevées pour le 1er décembre 1967. C’est un objectif plus qu’ambitieux et qui ne prend pas en compte les travaux supplémentaires rendus nécessaires suite à l’état des lieux dressé à l’arrivée. Le transfert de la base de Bremgarten n’est pas une tâche aisée. Il s’agit de réaffecter les bâtiments existants à Rosières, aux différentes unités, tout en prenant en compte l’effectif, les missions et le volume de matériel de chaque unité. Cette prospective se complique d’autant plus que les installations ont été construites en fonction des habitudes de travail des américains. Il faudra donc repenser complètement l’aménagement de certains bâtiments, un réaménagement qui ne sera pas sans conséquence sur le budget alloué à cette opération de transfert.

Les premiers contrôleurs aériens qui se rendent sur les lieux sont chargés d’effectuer le repérage du site et de choisir l’emplacement du futur bureau information air (BIA) et de l’approche. Adjudant-chef Brancaléoni, accompagné de l’Adjudant Aime et des Sergents Sellier et Gervais ont cette lourde tâche. Ils ne peuvent que constater l’absence d’installations techniques adéquates. Il ne reste que les murs dans les bâtiments abandonnés par les Américains. Le premier registre journalier du Contrôle Local d’Aérodrome (CLA) n’est ouvert que le 25 mai 1967. Les deux premiers atterrissages et décollages ont lieu le 30 mai 1967, il s’agit d’avions de liaison.

Le 29 mai 1967 la phase II du transfert est engagée. Il faudra cependant un mois de travail intense pour pouvoir débuter la phase III, c’est à dire la mise en place d’un échelon d’accueil de la 11ème escadre de chasse.

Les premiers F100 arrivent
Les premiers F100 arrivent

Le 24 juin 1967, l’échelon précurseur de la 11ème escadre de chasse rejoint le terrain de Rosières. Le 26 juin 1967, les moyens de support sont activés, ils sont commandés par le Commandant Capillon (qui deviendra CEMAA),  alors chef des moyens opérationnels et commandant d’escadre.  Le début de l’activité du CLA se situe courant août 1967 sous la coupe du Capitaine Leverge et de son équipe, composée du Sergent-chef Cadario et du Sergent Ouvrieu. Ces trois compères s’attaquent à la calibration du système de percée (SPAR) et du radar SRE. Ils doivent également élaborer les consignes de percée sur Toul-Rosières pour permettre l’arrivée des F 100 de Bremgarten. L’équipe est renforcée par l’arrivée du Lieutenant Lelan et du Sous-lieutenant Lebras. Ces pionniers ont le grand honneur de guider l’arrivée des quatorze F 100, qui constituent la première vague, issue de Bremgarten. Elle se pose sur le site de Rosières le 14 septembre 1967.

Ces avions, avec à leur tête le Commandant Ghesquière, atterrissent sous l’œil interrogateur des habitants du petit village de Rosières, qui découvrent ainsi leurs nouveaux voisins.

L’instruction du 21 juin 1967 fixe le transfert de Bremgarten vers Toul-Rosières pour le 1er septembre 1967. Le véritable mouvement s’effectue le 25 septembre 1967 avec un retard de 25 jours sur la date initiale. C’est un exploit, compte tenu de la situation matérielle découverte initialement par l’échelon précurseur…on note déjà l’effort consenti par le personnel pour que la base puisse accueillir les unités en temps voulu, la date de repli d’Allemagne ne pouvant être modifiée. Les barrières d’arrêt, au nombre de 3 (2 au nord et 1 au sud) sont déclarées opérationnelles le 02 août 1967. Le balisage de la piste est opérationnel le 5 septembre 1967, l’approche le 8 septembre. Le Poste de Commandement et le CLA sont déclarés opérationnels le 12 septembre 1967. Les installations sont loin d’être définitives. La vigie est installée dans un ensemble tactique, l’approche est aménagée dans deux remorques du type “Deplirex”, situées de l’autre côté de la piste sur le parc de stationnement des avions de passage. Le balisage ne comprend pas de rampe d’approche en piste 22, en outre, il n’est pas normalisé OTAN et sa vétusté, oblige le service des ponts et chaussées à intervenir fréquemment. Lors des vols de nuit, des feux type “Ulmer” doivent être disposés le long de la piste et dans les marguerites des escadrons. Une situation dantesque, inimaginable mais réelle, qui ne décourage, pourtant pas, les hommes en place…

Le 15 septembre 1967, le Colonel Chenet, commandant la base aérienne 136 de Bremgarten, quitte ses fonctions d’une manière tout à fait officielle, il prend le commandement de la base aérienne 136 de Toul-Rosières. Il est le premier commandant de la base. Le Lieutenant-colonel Espieux, qui assurait le commandement provisoire de Rosières, est nommé commandant en second de la base.

La phase “V” du transfert peut alors débuter ; c’est à dire la mise en place du reste du personnel et le début des aménagements complémentaires… Les français, qui viennent de quitter une base d’Allemagne où ils avaient de grands moyens, en matériels et en infrastructure, s’installent sur une base aux bâtiments dénudés et avec de petits moyens. Ils vont devoir faire preuve de courage et d’ingéniosité. Le système “D”, notre fameux système “D” bien français, qui a toujours surpris les étrangers, de par son efficacité, est de mise en ces temps de vaches maigres…

Le 25 septembre 1967 a lieu le premier engagement barrière. C’est un F100 qui inaugure l’installation grandeur nature.

Le Capitaine Egert (premier commandant du CLA 06.136) et le Commandant Ghesquière (chef des Moyens opérationnels 05.136, et commandant de la 11ème escadre de chasse) s’inquiètent des conditions de travail précaires. Celles-ci sont induites par des moyens matériels vétustes et non définitifs.  Le premier octobre 1967, une vague de contrôleurs de défense aérienne arrive sur Rosières.  Un ambitieux projet de création d’approche commune, aux terrains de Metz, Ochey et Rosières est à l’étude. Une station de coordination des approches (SCA) voit le jour sur la BA 136, elle prend l’appellation “SCA 07.136”, elle est rattachée aux Moyens opérationnels 05.136.  Ce projet, aussi ambitieux soit-il, est abandonné deux ans après, au début de 1970, faute de moyens. La priorité du budget de l’armée de l’air, de cette époque, n’est pas à la création d’une approche commune. La SCA est définitivement enterrée. L’installation de la 11ème escadre de chasse sur Rosières est, néanmoins, suivie, de près par Paris, compte tenu qu’elle correspond à une volonté, annoncée, de combler le déficit économique occasionné par le départ des unités américaines.

Le 23 octobre 1967, la première visite officielle du site a lieu.  Il s’agit de monsieur Pierre Messmer, alors ministre des armées, accompagné du Général Maurin, chef d’état–major de l’Armée de l’air et du Général Gauthier, commandant la Force Aérienne Tactique et la première Région Aérienne (FATac 1ère RA). 

Visite de Messmer à la BA 136
Visite de Messmer à la BA 13

Ils viennent constater le bon déroulement Des opérations de transfert. D’une superficie de près de 520 hectares, avec un périmètre de 12 km, la base aérienne 136 de Rosières s’iimplante sur la base américaine Toul Rosières Air Base (TRAB) construite en 1952 au titre de l’organisation du traité de l’atlantique Nord (OTAN). Toul Rosières Air Base  a été, elle-même, construite sur l’emplacement d’un ancien terrain d’aviation militaire (Rosy) datant de la Seconde Guerre mondiale. On voit bien que l’histoire du site est liée à celle du premier terrain. Rosy a été créée parce que le front de Moselle résistait, Toul Rosières Air Base a été créée sur l’emplacement de Rosy, parce que le terrain était disponible, le hérisson déployé pour assécher la boue empêchant toute nouvelle culture, et la BA 136 vient d’être créée parce que les américains sont partis… Il en sera de même pour la suite, le détachement air 136 sera créé à la dissolution de  la base aérienne 136 parce que l’infrastructure édifiée pour la maintenance de l’armenent guidé laser ne sera pas transférée sur la base d’Ochey et que les constructions des nouveaux abris à munitions, destinés à reprendre les munitions des deux dépôts du site (le dépôt d’alerte de l’escadre et le dépôt principal de  munitions de Tremblecourt) ne sont pas encore terminés à Savigny en Septaine. En plus, il faut accueillir, temporairement, une compagnie du 15ème régiment du génie de l’air de Toul-Thouvenot, régiment qui est dissous. Cette compagnie restera sur le terrain jusqu’à son transfert sur la base d’Istres. La base aérienne 136 de Rosières n’est donc pas une nouvelle construction mais un aménagement des installations existantes, pour y loger les unités déplacées de Bremgarten, en Allemagne.

A cette époque, la BA 36 est composée de 9 unités élémentaires (UE) : 

      • Les Moyens Opérationnels 05.136. Ils comprennent comme unité élément divers (UED), la station de coordination des approches, le commandement de la BA 136.
      • L’escadron de chasse 01.011, comprenant le commandement de l’escadre en UED.
      • L’escadron de chasse 02.011
      • L’escadron de chasse 03.011
      • Les Moyens Techniques 10.136, regroupant en UED, le groupe d’entretien et de réparation des matériels communs (GERMaC 16.136) et l’escadron de ravitaillement technique (ERT 17.136)
      • Le groupe d’entretien et de réparation des matériels spécialisés (GERMaS 15.011)
      • Les Moyens d’Administration 30.136
      • Les Moyens Généraux 40.136, regroupant en UED, le service médical 50.136, l’escadron hors rang (EHR) et le centre de transport automobile (CTA 21.351)
      • La section de transmission base (STB 81.136 )

La BA 136 sera autorisée à conserver son insigne sur la base de Rosières.

Insigne BA 136
Insigne BA 136

“Ecu en forme de bannière d’azur. En cœur, avion stylisé d’argent accosté en senestre du chef de deux chevrons de sinople, en dextre de la pointe d’une étoile à quatre branches inégales d’or et de sable.”

L’insigne de la Base aérienne 136 est homologuée, par le service historique de l’armée de l’air (SHAA) sous le numéro A 875.

La figure d’avion stylisé représente le F 100, avion utilisé par la formation lors de l’homologation de l’insigne. Les deux chevrons, de couleur verte, symbolisent l’appartenance de l’unité à la chasse (la couleur verte est le symbole de la chasse). La rose des vents à pointe Est, allongée, symbolise la participation de l’unité aux forces de l’OTAN et indique d’où était censé arriver l’ennemi (à cette époque, l’ennemi désigné est le bloc de l’Est, composé des éléments du pacte de Varsovie, une réplique soviétique à l’OTAN). La mission principale de la base est le support de la 11ème escadre de chasse. La mission secondaire est l’instruction permanente du personnel et la participation à la défense opérationnelle du territoire. La base s’attachera, durant toute son existence, à supporter, du mieux du monde, la 11ème escadre de chasse. Elle sera le point de départ de nombreuses opérations militaires et, compte tenu de la spécificité des matériels, le personnel des unités chargées du support technico-opérationnel s’impliquera corps et âme dans la mission. 

La BA 136 assurera la logistique arrière des unités déployées sur les différents théâtres d’opérations extérieures, en appliquant la grande devise : “la pièce voulue, à l’endroit voulu, au moment voulu”. Il est donc normal de rendre hommage, ici, aux femmes et aux hommes qui ont œuvré à la gloire des ailes de la 11ème escadre, parfois dans le plus grand des anonymats et sans jamais réclamer, avec leur grande modestie, une part de gloire.  A cette époque, l’effectif des militaires est de 1840 personnes, dont 109 officiers, 882 sous-officiers et 859 hommes du rang. On ne peut écrire l’histoire de la base aérienne de Toul-Rosières sans consacrer quelques lignes à l’escadre qu’elle a supportée de 1967 à 1994. Depuis juillet 1961, la base aérienne de Bremgarten, en Allemagne, accueille la 11ème  escadre de chasse. Celle-ci est équipée d’aéronefs F 100 super sabre. En avril 1966, le Général de Gaulle, Président de la République française, et le gouvernement français, décident de se retirer du commandement intégré de l’OTAN. L’armée de l’air se trouve, alors, à l’aube d’une période de remaniements et de déplacements. C’est ainsi que la 3ème   Escadre de chasse, stationnée à Lahr en Allemagne doit se replier sur  la base aérienne 133 de Nancy-Ochey.  Récemment équipée de Mirage 3E, la 3ème escadre cède alors ses F100 à la 11ème escadre, stationnée sur le terrain de Bremgarten, en Allemagne. L’escadron “03.011 Corse” est créé et l’escadre regroupe ainsi tous les F 100 de l’Armée de l’air française. Les avions F 100 de l’escadron 03.011, étant considérés comme le financement de la France à l’OTAN, ils doivent être rapatriés. Ils quittent donc l’Allemagne pour la base de Colmar, qui les accueillera temporairement, avant le regroupement sur Rosières. Les escadrons “01.011 Roussillon” et” 02.011 Vosges” se mettent en place sur Rosières à partir du 18 septembre 1967. L’escadron “03.011 Corse” ne se mettra en place que fin octobre 1967. Trois escadrons stationnent donc sur le terrain de Rosières.

Le CLA de la BA 136
Le CLA de la BA 136

Nous sommes le 27 février 1968 et, bien que Rosières ne soit pas encore ouverte à la circulation aérienne, un avion de tourisme de type “Cessna” se pose sur la piste sans aucun contact. C’est le premier incident relevé par le contrôle local d’aérodrome (CLA). Le 28 février 1968, les contrôleurs abandonnent  enfin leurs remorques “Deplirex” pour s’installer dans la salle d’approche. Elle est implantée au rez-de chaussée de la tour de contrôle, côté sud. Sa disposition va permettre aux contrôleurs d’effectuer leur travail dans de meilleures conditions. Au deuxième trimestre 1968, une salle technique est implantée à côté de la salle d’écoute. L’observation météo, installée à ses débuts dans des remorques de campagne, prend à compter du 8 mars 1968, ses quartiers sous la vigie. Elle n’en bougera plus.

Le 23 avril 1968, à neuf heures quinze Zoulou, la patrouille des “Vasco-Fox” conduite par le Capitaine Combriat décolle du terrain de Rosières pour une mission d’entraînement. En ce jour, la 100.000eme heure de vol sur F 100 est effectuée. Lorsque le dispositif aérien se pose à 10 heures 45, un comité d’accueil digne de ce nom attend le Capitaine Combriat. A peine descendu de son aéronef, il est toiletté comme il se doit par le Capitaine Pissochet et le Lieutenant Gillet. La tradition aéronautique est respectée dans ses moindres détails et chacun revendique le droit de tenir la lance à incendie pour le rinçage. A 11 heures, le Commandant Ghesquière félicite le Capitaine Combriat pour cet exploit. Le 30 avril 1968 une cérémonie se déroule devant quatre F 100 alignés, le Colonel Chenet, commandant la base aérienne 136, lit l’ordre du jour établi pour la circonstance.  La base de Rosières est équipée progressivement de F 100 monoplace et biplaces, de T-33, de Fouga Magister, de MD 312 Flamand et de MH 521 Broussard. Les véhicules allemands, qui ont fait le voyage de Bremgarten vers Rosières sont rendus au fur et à mesure. L’Armée de l’air équipe la BA 136 en fonction de ses moyens. Le personnel perd, au fur et à mesure, le matériel luxueux venu d’Allemagne ! Au troisième trimestre 1968, la rénovation de la vigie est enfin terminée. L’apparition du pupitre de trafic à trois postes va simplifier le travail du personnel.

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Dernier vol F100 à Toul, par le Colonel BOICHOT

Quand je suis arrivé à Toul en Novembre 1976, le colonel BOICHOT était commandant de la base, autant dire que pour moi c’était “Dieu le père”. Nous avons volé quelques fois ensemble ;  c’était un grand Monsieur qui nous a quitté trop tôt aux commandes d’un JAGUAR et qui a donné son nom à la promotion 1987 de l’École de l’Air. Il a été le premier pilote Français à voler sur F100 en 1958 à NELLYS Air Force Base et il était tout à fait naturel que ce soit lui qui effectue le dernier vol F100 sur la base de Toul.

Dernier vol F100 à Toul par le Colonel BOICHOT

25 juin 1977 copie
Le colonel BOICHOT inaugure la stèle sur laquelle repose le F100 n° 131 dont il a effectué le dernier vol quelques jours plus tôt.

Souvenir de RIGAIL Francis ” dernier” Officier mécanicien F100.      

Dans le rappel historique ” le F100 sous les cocardes françaises” Mr. Antoine évoque le dernier vol F100 du Col.Boichot. Pour la petite histoire, revenons à la “Onze” en Mai 1977 :

Les escadrons 1/11 & 3/11 volent sur Jaguar ainsi que la 1ère escadrille du 2/11. Seule la 2ème escadrille de ce dernier résiste avec ses vieux F100. Pilotes et mécanos sont logés dans des remorques  “Deplirex” sur le parking commun à la “SALE” et au Germas 15/11.

Étant  à la Division Avions-moteur, je suis à quelques enjambées de leur zone d’activité. Quand c’est possible, je trouve  un moment pour rendre visite au Ltt GARCIA,  l’Officier  mécanicien,  et me replonger dans l’ambiance de la “Bête”. D’ailleurs, pour beaucoup d’entre nous, c’est toujours un ravissement de  pouvoir encore entendre le bruit du J57 , et celui de la post-combustion enclenchée au décollage.

Le 11 Mai, Garcia m’avertit que son dernier vol F100 aura lieu en fin de matinée et que c’est au Colonel Boichot que revient l’honneur de l’accomplir. Je suis invité à assister à cet évènement et, bien entendu, au “pot d’adieu”.

Vers 11 heures, dans la deplirex “Piste” , sur le comptoir, une seule forme11 est ouverte, assortie des signatures des mécaniciens, c’est celle du  131. Nous attendons, avec le Cdt d’escadron et quelques privilégiés. Le ‘Voilà’, annonce calmement le Chef de piste. Le Colonel , casque à la main , gravit les marches, souriant, manifestement content d’être là. Il plaisante, serre la main à tous et prend connaissance de la F11. Signature et le voilà parti accompagné du mécano de  piste. Un petit quart d’heure plus tard un “wooum” retentit suivi du feulement caractéristique qui vire à l’aigu à mesure que l’avion avale la piste feeeuuuiiittt…il arrive à notre hauteur, s’arrache du sol en rentrant son train, tube pitot pointé haut vers le ciel et grimpe résolument dans un bruit de tonnerre. Puis, coupure de la pc, légère fumée dans son sillage , il ne devient plus qu’un point  et il disparait de notre vue.

Maintenant, il est seul et nul doute que ses pensées le ramènent 20 ans en arrière. Au temps du jeune pilote de combat, fier d’être des premiers à apprendre à dompter le magnifique F100 Super sabre. L’orgueil de sentir les regards admiratifs des pilotes des autres escadres à l’occasion d’une escale ou d’un meeting aérien. Quelle belle époque…..A présent il fait à nouveau corps avec,  il prend encore de l’altitude pour être très haut dans le ciel et savourer cette chance. Grand virage , il casse la manette  sur ” pc” tout en guettant, à l’ouverture des paupières, le battement de l’aiguille de l’indicateur de pression; secousse dans le creux des reins : le J57 libère tout ce qu’il a dans le ventre. 30000 pieds et çà pousse fort!! Passage sur le dos, coupure de la pc, et retour ailes horizontales. Puis, et puis plus rien ??… Master caution allumé, le compte tours qui dévisse, la  température T7 qui chute…pincement au cœur, bon sang extinction réacteur!!!. Le court instant de surprise passé, l’expérience du “vieux” pilote et son sang froid prennent le dessus. Pas de panique, à cette altitude il y a assez de marge pour faire un rallumage normal . Manette sur “off”, en piqué pour reprendre des tours. “Airstart switch sur on” . Vers 55% manette sur “idle”. Ça cafouille un peu, 2 ou 3 petits “stalls” pas bien méchants, puis l’avion qui tressaille et survient la tonalité du réacteur qui redémarre, confirmé par la T7 qui augmente et on reprend des tours.   Manette doucement en avant et le J57 monte en  puissance, airstart sur off.

89% , 20000 pieds, tous les voyants se sont éteints, contrôle des paramètres : ok.

Bien, est ce un avertissement du destin ? Mieux vaut rentrer maintenant, sans brusquer la machine, cap sur Toul-Rosières.

Midi passé, le 131  se présente , atterrissage, parachute frein et retour au parking puis au Bureau de piste : notre Colonel l’air satisfait s’approche de la F11, il  saisit le ‘bic’ noir qui pend au bout d’une ficelle et il écrit. Le ltt Garcia est à côté de  lui et je lis sur son visage un grand étonnement, c’est une blague mon colonel ? Pas du tout Garcia, c’est vrai….Alors à notre tour nous  pouvons lire :

Extinction réacteur , rallumage ras  Boichot.

Les questions fusent et lui de nous expliquer qu’il ne sait pas exactement ce qui s’est passé, peut -être s’est’il mit ‘hors domaine’ ? Le rallumage ? pas de problèmes,  comme écrit dans le dash-one…

“Alors là, vite,  le champagne”,  déclare le Cdt d’escadron.

C’est ainsi, dans l’euphorie générale de quelques pilotes et mécaniciens, que s’est achevé  le parcours des  F100  en Métropole, ponctué par un dernier vol ou l’on voit la “Bête” faire comme un pied de nez à un de ses pilotes des plus prestigieux. Mais, elle le ramène sain et sauf, comme pour embellir son histoire et marquer les esprits , à tout jamais, des hommes qui ont partagé tout ou partie de son aventure.

TOUL : avant et après

TOUL : avant et après

Un membre qui a encore la chance de voler sur avion d’arme, m’a fait parvenir 2 photos de la base de Toul. La première qui ressemble à une photo OM 40 a été prise par le nouveau capteur photo du Rafale : le POD RECO NG (au passage, admirez la définition de l’image). Les habitués auront reconnus le 2/11avant les travaux menés pour faire de la base la plus grande centrale photovoltaïque d’Europe. Et la seconde, prise par un appareil classique qui montre la base après l’installation des panneaux. La photo a été prise en altitude, ce qui permet de la voir dans son ensemble. On peut ainsi remarquer que le 3/11 a été quasiment préservé, qu’on devine certains morceaux de piste et qu’on voit les 3 hangarettes du 2/11 qui serviront au conservatoire de la BA 136 construit par ENR. Et accessoirement, on constate qu’il y a encore de la place au niveau de l’entrée de piste 22 et l’endroit où se trouvait la SALE.

Toul PNO solaires
La base de Toul après installation des panneaux solaires
Toul RECO NG
Le 2/11 vu par RECO NG

Premier JAGUAR à Toul

Premier JAGUAR à Toul

C’est en Novembre 1975 à l’escadron 3/11 que le premier Jaguar, un biplace, s’est posé à Toul. C’est un moment fort car cette arrivée symbolise le passage de témoin entre le F100, “l’avion d’homme” et un avion tout neuf qui allait par la suite écrire des belles pages de l’histoire de l’aéronautique.
La transition ne fut pas des plus faciles et je me souviens d’une colère du LCL Richalet commandant d’escadre, menaçant lors d’un briefing météo, ceux qui avaient la nostalgie des avions américains, de les envoyer à Nancy sur T33 au CEVSV (les tontons maquettes de l’époque). Ambiance

Je vous joins 3 photos de son arrivée mais j’avoue manquer de détails à ce sujet et je suis donc preneur d’informations.

Je vous ai déjà présenté la photo des pilotes, mais à l’époque il était question d’un convoyage ; si quelqu’un peut me dire ce qu’il en est….

Je vous mets les infos que je viens de recevoir via Facebook par un commentaire de C.Meyer

07 Février 1975 à 16h56Z : posé à Rosières du 1er Jaguar de la 11, le 11-RA E29. Le vendredi 13 Juin suivant se posent 4 Jaguar E (aux commandes CDT Salmon, CNE Boudet, Jantet et Robert, les 4 premiers pilotes de Jaguar de la 11ème E.C). A la prise de Commandement du 3/11 par le CDT Sauvebois du 2 Septembre 1975, il y a 8 Jaguar (tous des E) à l’Escadron…. Courant octobre le Corse dispose de 11 biplaces. En novembre, ce sont les premiers monoplaces qui sont arrivés, le chef de file étant le 11-RK A48.

Quant à la photo des pilotesce n’est pas la bonne. C.meyer (again) :

La 3ème photo est celle du PN de la 1ère mission CAFI Toul-Djibouti du 10 Décembre 1975. 6 pilotes pour 3 Jaguar E : 11-RC E30, 11-RH E33, et 11-RX E36 de la photo.

Don’t act ; en bref, un peu tout faux sauf la photo des mécanos et de l’avion.

 


Première_équipe_pilote_au_3.11_2
La première équipe de pilote Jaguar à la 11EC (à confirmer)
1975_JAG_E29_première_équipe_mecano_à_la_11_filtered
Première équipe mécanos
1975_JAG_1°_arriv_BA136
Arrivée du premier Jaguar à Toul

Circuit départ “osé”

Je vous présenterai régulièrement des photos ou textes provenant des plaquettes retraçant l’histoire des 3 escadrons de la 11EC et qui ont été réalisées par l’Amicale des anciens de la 11EC.

Ces livres sont disponibles auprès de l’Amicale et vous pouvez les commander à partir de leur site

Aujourd’hui, je vous propose une lettre du commandant de base adressée au commandant du 1/11 suite à un circuit départ très “rock and roll” d’un de ses mécanos ; ça ne manque pas de pertinence et d’humour.

Lettre du commandant de base

Pour ceux qui y étaient, c’était fin des années 70 et si certains peuvent en dire plus…

Cliquez sur le document pour l’agrandir

Le 3/11 à Rivolto

Rivolto 3/11

Le capitaine BIZE (de l’époque) m’a fait parvenir une série de photos commentées sur le DETAM du 3/11 à Rivolto pendant les mois de Juillet à Septembre 1993.

Il manque quelques noms et si vous avez des commentaires, anecdotes, je ne manquerai pas de les inclure.

Merci à BIZE et allez visiter son site dédié à la base de TOUL ROSIERES 136fr