L’article que je vous propose aujourd’hui raconte une histoire dont on a (presque) tous entendu parler, mais sans savoir ce qu’il en résulte réellement. Voler très bas est un jeu qu’on qualifiait à l’époque de “Jeu Breton” (j’ignore pourquoi), du genre qui peut rapporter très gros. Dans cette catégorie, the winner is : this Crusader.
Article paru sur le site 09-27.fr avec l’aimable autorisation de son administrateur et auteur de l’article, Frédéric Marsaly.
C’est une des grandes anecdotes de l’Aéronautique Navale, une de celles qui ne pouvaient s’écrire qu’à bord du plus mythique chasseur à réaction a avoir jamais porté la cocarde tricolore.
Deux F-8E(FN) de la 12F à bord du Foch en décembre 1986. (Photo : C. Boisselon, coll. RJ Francillon)
En cette fin d’année 1977, la Flottille 14F se trouvait temporairement à Djibouti à l’issue de la mission Saphir II qui, depuis le mois de juin, avait mené le Foch dans l’Océan Indien, autour de la Réunion, de Mayotte, de l’île Maurice et jusqu’au Sri Lanka, avant de rentrer à Toulon le 10 décembre.
La trace d’un passage de F-8 sur une route djiboutienne. (Journal de marche de la 14F)
Fin novembre, deux « Crouze », dont le numéro 29, piloté par le Maître Sedzinsky, avaient décollé de Djibouti pour une mission de navigation à basse altitude au-dessus du désert. En dehors de toute couverture radar, les deux aviateurs ont pris un petit peu trop au pied de la lettre leurs consignes de mission. Alors qu’ils suivaient « à une altitude suffisante » une route bien rectiligne, Sedzinsky s’est fait surprendre par une très légère élévation de la chaussée et sur quelques dizaines de mètres, a frotté les quilles de son avion sur le macadam, établissant au passage deux records.
Le premier, a parfois été égalé puisqu’il s’agit d’un vol à l’altitude zéro – on se dit que le record aurait été encore plus marrant sur les secteurs « hypothalassiques » qui existent dans la région – le second est sans doute un record de vitesse sur route. Le retour à Djibouti a été moins glorieux car si l’avion avait laissé une belle trace sur la route, la route avait aussi laissé une belle trace sur les quilles et sous le croupion du chasseur Vought, synonymes de petits soucis à venir pour le pilote pour qui l’histoire aurait quand même pu se terminer plus mal.
Les quilles du Crusader 29 après leur rencontre avec une route djiboutienne. (Journal de marche de la 14F)
Une conclusion qui fait débat ! ( journal de marche de la 14F)
Sedzinski, lâché sur Crusader en 1966 et malheureusement décédé en 2017, a, au cours de sa carrière, accumulé un total de 2300 heures sur F-8 ce qui le place en troisième position des pilotes français les plus expérimentés sur le type, juste derrière les 2500 heures de Degletagne mais surtout des 3037 de Philippot, seul pilote de l’Aéronavale parmi les 6 pilotes a avoir dépassé les 3000 heures de vol sur cette machine mythique. Le Crusader 29 a été réparé et a revolé rapidement. Modifié en F-8P, il faisait partie des derniers appareils encore opérationnels au sein de la 12F à la fin du XXe siècle. Il est préservé à l’entrée de la BAN de Landivisiau. Les Crusader ont quitté le ciel français en 1999, ça fera donc 20 ans à la fin de l’année. Même si la Marine et ses pilotes ont clairement gagné en efficacité opérationnelle en échangeant leurs « MiG Master » contre des Rafale, il faut avouer que les hurlements et la fumée des J57 ont laissé des traces indélébiles dans le souvenir de ceux qui ont eu la chance de voir voler le F-8 !
Un F-8P armé d’un missile Matra photographié en vol dans les années 90. (Photo : S. Meunier, coll. RJ Francillon)
Note : L’histoire des F-8 français a fait l’objet d’une des plus enthousiasmante monographie jamais publié en France : « Les Crusader français en action », publié chez Lela Presse en 1997 puis en 2003 et réimprimé l’an dernier. L’ouvrage a été écrit par Jean-Marie « Gallou » Gall, qui, avec ses 1500 heures sur F-8 était quand même à la meilleure place pour apprécier cet avion et collecter toutes les infos nécessaire à l’écriture d’un tel livre.
Ce contenu a été publié dans Histoires d’avions par Fred Marsaly. Mettez-le en favori avec son permalien.
Histoire vécue , j avais breller le commandant de flottille Martin au départ de cette mission et quel ne fût pas notre surprise au retour sur le tarmac des deux crouze après une alerte au crash en bonne et due forme.
L anotation sur la fameuse FIDA a été la suivante : Impact au sol
Voilà si j ai pu complémenter cet article alors j en suis heureux.
Je peux apporter une précision à cet article .
C etait le commandant de flottille Martin qui était en vol avec Sedsinzki lors de cet( impact au sol ) notification écrite sur la fameuse Fida au retour du vol , je l avais brellé sur le siège ce jour là et c etait le premier maître Jamet dit James qui ce jour là était le chef de piste sur la base d Ambouli.
Si j ai pu complémenter cet article c’est avec plaisir .
Ils escortaient une patrouille de 2 Etendard 4M de la 11F.
Petite rectification, Sedzinski n’était pas maître mais 2 galons, officier des équipages.
J’étais aussi à l’arrivée.
Le second pilote de ce vol n’était pas Martin mais Audoin…