136 ; les années NICOLAS

Le 25 mai 1989, le Colonel Regnault remet les clefs du site au Colonel Nicolas, lors d’une cérémonie présidée par le Général Lartigau, commandant la FATac 1ère RA.

Il est le treizième commandant de la base.

Nicolas
Nicolas

En ces années-là, les normes évoluent à une vitesse vertigineuse. En vertu d’un grand principe de précaution, ce qui était, naguère, très acceptable, ne l’est plus aujourd’hui. L’hygiène, notamment au niveau des cuisines collectives, revêt un caractère primordial, les militaires n’échappent pas à ces nouvelles règles, d’autant plus que les fils de la Nation viennent, encore, effectuer leur période obligatoire sous les drapeaux.

Inauguration des cuisines
Inauguration des cuisines

Le 23 juin 1989, le Colonel Nicolas, commandant la BA 136, inaugure les nouvelles cuisines du mess des militaires du rang. Cette cérémonie se déroule en présence du Commissaire Général Thiriot, directeur régional du commissariat, qui coupe le traditionnel ruban tricolore. On note également la présence du Commissaire Commandant Dupont et du Commissaire Capitaine Costa ep Strasser.

La réunion annuelle des Sous-chefs d’état-major des forces aériennes françaises et italiennes se tient sur la BA 136 du 21 au 23 novembre 1989. Parmi les participants on relève la présence des généraux, Douin, sous-chef d’état-major de l’armée de l’air ; Ferracuti, sous-chef des opérations de l’armée de l’air italienne ; du Colonel Traballesi, attaché de défense à Paris ; du Colonel Siffre de l’état-major de l’armée de l’air ; des Lieutenants-colonels Pazzati et Feeser, des états-majors italiens et français.

Le colonel ARRAUT avec la délégation Coréenne
Le colonel ARRAUT avec la délégation Coréenne

Le 28 novembre 1989, la base reçoit une délégation coréenne. Les Lieutenants-colonels Il Hyung Kim et Ke Zoon Lee, accompagnés de l’ingénieur civil Ki Chéon Song viennent s’informer sur le PC enterré. Le 5 décembre 1989, la base reçoit les cadets de l’US Air Force. Après un premier séjour sur la base de Salon-de-Provence puis à Dijon où ils ont volé sur Mirage 2000 RDI, les cadets font un stage à la 11ème escadre de chasse où ils effectuent un vol sur Jaguar. A noter la présence d’une femme dans le groupe des cadets. Les femmes, dans l’USAF, ne peuvent pas être pilote opérationnel de chasse mais elles peuvent être monitrice sur F15 ou pilote de transport. Interrogée sur ses ambitions, la jeune femme déclare qu’elle préfère la recherche aéronautique, mais qu’elle doit tout d’abord suivre la même formation que ses collègues masculins. C’est tout de même avec un certain plaisir, qu’elle effectue un vol sur Jaguar.

Le vendredi 22 décembre 1989, le Général Champoiseau, commandant en second la FATac 1ère RA et le Commissaire Général Thiriot, directeur régional du commissariat de l’air, coprésident l’inauguration du bâtiment de semaine base. Entièrement rénové, ce bâtiment servira de modèle pour la campagne de rénovation qui se met en place

Le 28 janvier 1990, l’Adjudant-chef Cavaillé, chef du service de transport automobile, remet les certificats de conducteur d’élite aux appelés du contingent. Ce certificat récompense les jeunes qui n’ont commis aucune faute de conduite lors de leur service au garage. L’aviateur Schuster (18.000 km) et l’aviateur Parasote, (15.000 km) sont ainsi reconnus chauffeur d’élite. C’est un des avantages des appelés du contingent, la possibilité de passer leur permis de conduire et, grâce aux accords passés entre les ministères, le faire convertir en permis civil, notamment avec ce certificat…

L'Adjudant-chef Cavaillé
L’Adjudant-chef Cavaillé

Le 28 février 1990 se déroule le concours cynophile de la FATac 1ère RA. Les épreuves sont très techniques et demandent une attention très poussée de la part des maîtres comme des chiens. Si le maître doit faire preuve d’initiative et de réflexion, le chien doit faire preuve d’obéissance et de courage face à la menace. Le Sergent Gobert avec son chien Xéres, remporte la victoire chez les sous-officiers avec 1.417 points sur un total possible de 1.500. Chez les militaires du rang, c’est l’aviateur Billard avec son chien Sabre qui remporte la victoire avec 1.290 points. Les chiens de guerre sont gérés par des directives bien précises et font l’objet d’une surveillance vétérinaire. Hormis les chiens de guerre, il y a des chiens déclarés comme mascotte. Un statut particulier qui leur assure le même suivi. A noter, le cas du chien Max, âgé de 3 ans, ce chien perdu sans collier a été adopté par le dépôt de munitions de Tremblecourt. L’Adjudant Jacquot-Lévêque, amoureux des chiens s’en occupe avec passion. Max, mascotte officielle du dépôt, passera une vie tranquille jusqu’à la fin de ses jours…

Les chiens de guerre
Les chiens de guerre

Le 12 mars 1990, le secrétaire d’Etat à la défense, monsieur Renon, est accueilli sur la BA 136. Après avoir écouté avec attention les différents exposés des commandants d’unité, il effectue un vol sur Jaguar avant de poursuivre sa visite à l’escadron 02.011. Après sa visite, il dira : “J’ai effectué ce jour un déplacement au sein de l’armée de l’air. J’ai pu me rendre compte sur la base aérienne de Toul, de ce que représentait pour cette armée la posture opérationnelle. La qualité de l’organisation, la démonstrativité des présentations et le vol que j’ai effectué en Jaguar au sein d’une patrouille d’assaut m’ont fait appréhender la complexité de la tâche qui incombe aux personnels de toutes les spécialités et de tous grades…”

En juin 1990, la 11ème escadre de chasse et la BA 136 fêtent les 15 ans du Jaguar. Le premier appareil s’est posé le 7 février 1975 et depuis cette date ce sont 35.500 heures de vol en opérations extérieures qui ont été effectuées avec le soutien logistique de la base. Toutes les unités de la BA 136 ont participé à ce brillant résultat. Depuis le Caporal des cuisines jusqu’au Colonel commandant la BA 136, en passant par l’aviateur du poste de police (plus communément appelé garde barrière) le coiffeur ; l’armurier ; le ravitailleur ; le chauffeur du garage et toutes les spécialités : tous sans exception ont contribué à la réussite des opérations ! Pour cette occasion, un Jaguar de l’escadre a été peint en bleu, avec l’insigne de l’escadre sur la dérive et le logo Jaguar sur le nez.

Spécialement décoré pour les 15 ans
Spécialement décoré pour les 15 ans

Comme nous l’avons déjà dit, la base de Rosières est une excellente vitrine pour les industriels, que ce soit au niveau du PC enterré, au niveau de l’armement guidé laser ou des techniques de mise en œuvre sous ambiance chimique qui ont été expérimentées sur place. Le 6 juin 1990, une délégation sud-coréenne se rend sur la base. L’objet de la visite est le PC enterré. C’est la deuxième délégation à se rendre sur Toul-Rosières pour visiter le PCE.

La délégation au PCE
La délégation au PCE

Le 13 septembre 1990, c’est une délégation thaïlandaise qui se rend sur la BA 136. Accompagnée de représentants de sociétés civiles, de l’état-major de l’armée de l’air et de la délégation générale pour l’armement. La délégation visite le PC enterré et la centrale électrique. La base de Toul-Rosières servira plus d’une fois de vitrine pour la délégation pour l’armement à l’occasion des marchés à l’exportation.

Daguet, vous avez dit Daguet ! Daguet ? Est-ce le jeune cerf portant une dague ? Non ! C’est le nom de code de l’opération qui a pour but de délivrer le Koweït des griffes du méchant Sadam… La base est activée en toute discrétion pour cette opération. Les Jaguar de la 11ème escadre sont déployés dans le Golfe. Les journalistes, curieux de nature, ne manquent pas de poser toutes les questions au Colonel Nicolas, commandant la BA 136. La presse écrite, parlée et la télévision sont présentes. Dès le début des hostilités la base de Rosières est en première ligne. Le déploiement se fait sur la base d’Al-Ahsa en Arabie Saoudite. Situé à 400 km à l’Est de Riyad la capitale et à 150 Km dans le sud-ouest   de   Dharan, la deuxième ville du pays, Al-Ahsa est un aéroport civil dont la principale activité est liée au transport des personnels travaillant dans la région et leur famille. L’infrastructure comprend, à l’époque, une piste, un taxiway en cours de construction, une tour de contrôle équipée du matériel mais sans personnel et une zone vie.

La base d'Al Ahsa
La base d’Al Ahsa
La base d'Al Ahsa
La base d’Al Ahsa

Les premiers militaires français arrivés sur les lieux ont la lourde tâche de constituer une base type 400 (base de déploiement type pour l’armée de l’air) Le commandement, les opérations, l’ERT et le service de restauration bénéficient des installations de l’aéroport. Les contrôleurs aériens arment la tour dès leur arrivée. On retrouve du personnel du CLA de Toul, le Commandant Gantin, l’Adjudant Dellerba et le Sergent Raby qui sont les premiers à apporter leur contribution à l’engagement national en Arabie Saoudite. Au 22 janvier 1991, la base de Toul-Rosières a envoyé 320 tonnes de matériels spécifiques avion ; 120 tonnes de munitions ; 250 réservoirs largables. Il faut ajouter au bilan les heures de préparation des avions, mécanique et peinture, car ils doivent être en livrée sable pour le camouflage. Les ateliers ne ferment plus, l’EC 04.011 de Bordeaux est engagée dans cette vaste opération de préparation, les mécaniciens se convertissent en peintres… La logistique arrière est assurée sans discontinuité, le PC enterré est activé en permanence, Toul-Rosières vit en “live” la guerre du Golfe…

Le nouveau ministre de la défense, Monsieur Pierre Joxe, choisi Toul-Rosières, base en pointe avec l’opération Daguet, pour sa première visite d’une unité de l’armée française.

La visite de Joxe
La visite de Joxe

Le premier février 1991, il est accueilli par Monsieur Erignac, préfet de Meurthe et Moselle ; le Général Fleury, chef d’état-major de l’armée de l’air ; le Général Lartigau, commandant la FATac 1ère RA et le colonel Nicolas, commandant la BA 136. Après avoir salué le drapeau de la 11ème escadre de chasse, Monsieur Joxe, assiste à une présentation de la FATac. Il visite une exposition statique de Jaguar équipés de tous les armements air-sol utilisés dans le conflit du Golfe. Le Ministre rencontre les pilotes de Jaguar puis il reçoit les nombreux médias qui se sont déplacés pour l’occasion.

Si l’objet du jour est l’engagement de l’escadre dans le Golfe, la vie continue tout de même sur la plateforme. Le 12 février 1991, le Colonel Nicolas, commandant la BA 136, inaugure la nouvelle centrale électrique. Avant cette nouvelle installation, la base fonctionnait avec deux centrales, l’une, alimentée avec du 20.000 volt, l’autre, alimentée avec du 5.500 volt. La première desservait tout ce qui était soutien (mess, bâtiments) la seconde desservait la partie opérationnelle. La nouvelle centrale regroupe désormais ces deux familles d’activités. La nouvelle    construction    fait    appel très

largement à l’informatique. Seize postes de transformation alimentent la base et, en cas de coupure EDF, il est possible d’alimenter tout ou partie de la base à l’aide de deux groupes de secours. La centrale est mise en œuvre par 6 sous-officiers et 5 appelés du contingent, elle est rattachée au GERMaC 16.136 commandé par le Capitaine Dupont.

Le 5 mars 1991, événement sur Toul-Rosières, les premiers Jaguar rentrent du Golfe… Un C135F, suivi de 4 Jaguar en formation “canard” défilent à la verticale de l’escadron 03.011. Il est 15heures10, le C135F se range sur le taxiway et les quatre Jaguar rejoignent l’escadron. Rangés en ligne, ils ont fière allure bien que la peinture sable ait un peu soufferte du voyage. Les pilotes sont accueillis par Monsieur Erignac, préfet de Meurthe et Moselle ; le Général Fleury, chef d’état-major de l’armée de l’air ; le Général Lartigau, commandant la FATac 1ère RA ; le Général Gresse, commandant en second des FAS et le Colonel Nicolas, commandant la BA 136. Le Lieutenant-colonel Lowenstein, commandant de bord du C135F ; le Commandant Mansion et le Capitaine Dor, pilotes de la 11ème escadre de chasse ; le Capitaine Pierrie et le Lieutenant de Gournay, pilotes de la 7ème escadre de chasse sont assaillis par les journalistes.

Le retour des vainqueurs
Le retour des vainqueurs
Entouré de la famille
Entouré de la famille

Le Général Fleury, dans son point presse, souligne l’importance de la stratégie aérienne dans tout conflit moderne, il présente un état des éléments air français engagés et s’associe à la douleur de nos amis de l’armée de terre qui ont perdu deux des leurs dans ce conflit. Il rend ensuite hommage au comportement exemplaire des Français qui ont soutenu leurs soldats durant le conflit. Toul-Rosières a reçu de nombreux témoignages de solidarité de tous les coins de France et de Navarre. Initiatives individuelles ou collectives, on ne saurait les citer toutes de peur d’en oublier mais une a retenu l’attention parmi tant d’autres… Monsieur Caillat, ancien commandant de bord du Concorde, ancien pilote en Indochine et maire de la Trinité de Thouberville, dans l’Eure, a demandé à son conseil municipal et à ses 350 concitoyens de parrainer une patrouille de Jaguar de Toul- Rosières, stationnée sur la base d’Al-Ahsa. Ayant souffert à l’époque de l’Indochine de l’indifférence des Français, son projet a abouti le 5 mars 1991. Les colis et cadeaux, remis pour l’occasion, ont pris le chemin du Golfe. Merci Monsieur le maire, merci à vos administrés, la solidarité des habitants de la Trinité de Thouberville est allée droit au cœur des aviateurs de Toul-Rosières.

Mr Caillat devant un Jaguar
Mr Caillat devant un Jaguar

L’épisode du Golfe se termine, la vie reprend son petit bonhomme de chemin, mais pas pour tout le monde… Le matériel déployé dans le Golfe regagne Toul-Rosières Les quais de l’ERT sont encombrés de conteneurs et de matériels de tout genre. Débute alors pour les services techniques de la 11ème escadre, une vaste opération de régularisation. L’Officier armement de l’escadre et ses armuriers dont le fameux “Gégé” (Adjudant Voise) retroussent leurs manches et font le tri du matériel armement. Vaste opération qui consiste à essayer de reconstituer des ensembles complets pour présenter la reprise en compte du matériel aux Moyens Techniques. La guerre du Golfe aura malheureusement un certain coût eu égard aux pertes enregistrées suite aux différents mouvements de matériels.

Il faudra presque une année de recherches et une bonne dose de constance pour clarifier la situation. La rédaction des fameux procès-verbaux de perte modèle 34, ne sera pas simple. Ces documents auront du mal à être signés par toutes les parties prenantes et ils seront recommencés deux ou trois fois selon l’humeur des signataires. En effet, certains mots comme “perte”, “destruction”, “erreur de prise en compte” ne sont pas acceptés. Les choix effectués lors du rapatriement des matériels ne seront pas forcément approuvés. Et pourtant, en toute logique, il est plus facile de détruire des caisses en bois plutôt que de les ramener, le coût du transport dépassant le prix des fameuses caisses, mais la logique, pour un comptable matière de l’Etat n’est pas toujours la plus simple. Il faudra toutefois se rendre à l’évidence, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs !

Le 13 mai 1991, le Colonel Nicolas, commandant la BA 136, tranche à la baïonnette le traditionnel ruban tricolore pour l’inauguration des nouveaux locaux de l’escadron de protection 42.136. Une rénovation totale qui intègre un système de vidéosurveillance ; une protection renforcée des locaux avec un accès protégé au PC protection.

Le 25 mai 1991 la base sert de cadre au rassemblement régional des réserves. Placée sous la présidence du Général Lartigau, commandant la FATac 1ère RA la journée est destinée à l’information des réservistes avec au programme : le système futur de défense des bases et l’utilisation des hélicoptères armés pour la défense des bases.  Le 25 mai 1991 a également lieu en soirée, la remise du prix mirabelle décerné par le club de la presse et de la communication de la ville de Nancy à la BA 136. Ce prix récompense la personnalité ou le groupe dont l’impact médiatique a été le plus important à l’extérieur de la Lorraine. La soirée débute par un concert donné par la musique de la FATac 1ère RA puis, Jean Michel Bezzina, au nom du club de la presse, décerne le prix Mirabelle à la base. Le 26 mai 1991, le meeting aérien national se déroule sur la base de Toul-Rosières. Près de 35.000 spectateurs se pressent devant les grilles de la base pour profiter du spectacle offert. Un stand, présentant l’armement utilisé dans le Golfe fait recette. La patrouille de France, toujours très appréciée, clôture le spectacle. Cette année, la patrouille italienne des “Frecce Tricolori” était invitée.

35 000 personnes à la JPO
35 000 personnes à la JPO

Les Frecce Tricolori, en français « Les flèches tricolores », sont la patrouille acrobatique officielle de l’armée de l’air italienne. Créée en 1960, elle est constituée de neuf avions et d’un solo. C’est la patrouille acrobatique comportant le plus grand nombre d’avions.

La PAF et les FRECCE
La PAF et les FRECCE

 

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