Les années “PHELUT”
Le vendredi 27 juin 1980, le Général de corps aérien Forget, commandant la FATac 1ère RA, remet le commandement de la BA 136 au Colonel Phelut. La cérémonie se déroule sur le parc de la SALE.
Il est le huitième commandant de la base.
Parmi les personnalités présentes à la cérémonie, notons le Général Bigeard, député de Toul, monsieur Jean Moulin, Sous-préfet de Toul, le Général Duhesme, gouverneur militaire de Nancy, les généraux Cornavin, Févre, Arin, Bonnet, Mentré Tournaire et Faivre.
L’organisation des épreuves sportives militaires sont confiées aux bases, à tour de rôle. La base aérienne 136 accueille le pentathlon militaire les 19, 20 et 21 mai 1980. Onze équipes, représentant les différentes bases de la FATac 1ère RA, sont réunies sur le site pour l’occasion. Chaque délégation est constituée d’un officier, d’un sous-officier et de quatre militaires du rang appartenant à l’escadron de protection ou à la SSIS de leur base. Les candidats très motivés font preuve d’un farouche esprit d’équipe et se rencontrent au cours d’épreuves sélectives comme le parcours du combattant du 15ème RGA, prêté pour l’occasion. Une épreuve au cours de laquelle on relève quelques entorses et luxations qui se soldent par des abandons. Le Lieutenant-colonel Fockedey, commandant en second, préside la cérémonie de remise des coupes. Le Capitaine de la Brosse, officier des sports de la BA 136 annonce les résultats et remet les diplômes. Un vin d’honneur est servi à l’issue, mais sans alcool, bien entendu, pour garder une : “men sana in corpore sano”.
Retour aux sources pour le Général Anquetil, le 3 juillet 1980. Il est passé directeur de l’infrastructure air. Ancien commandant de la BA 136 il se rend sur le site pour visiter les travaux en cours. Nous sommes à l’ère de l’armement guidé laser et le Jaguar est le seul vecteur du moment capable de délivrer cet armement nouveau. Toul-Rosières devient donc la base support pour l’armement guidé laser (AGL).
A ce titre, Il faut construire le dépôt d’alerte escadre (DAE) et les annexes qui s’y rapportent (abris à munitions, Ateliers de tests ” SCAMP”, hall pyrotechnique, etc.).
Vue du dépôt d’alerte escadre.
La construction du dépôt d’alerte escadre débute en 1980. La première tranche comporte les igloos : 1, 2, 6 et 7. La 2ème tranche débutera en 1989 pour les autres igloos. Le hall pyrotechnique comportant le banc de test des missiles AS30L sera construit en 19 86. La construction devait supporter l’explosion accidentelle d’une charge militaire en cours de test. Une porte blindée fermait l’ouvrage, la salle informatique des tests (SCAMP) était située à l’écart.
On peut apercevoir une partie avant du missile sur le banc de test. Une caméra vidéo permet de voir la partie sous test depuis la salle informatique. Les tests ne pourront débuter que lorsque l’opérateur aura mis la clef unique de fermeture de la porte blindée dans la serrure de l’ordinateur en salle informatique.
Le SCAMP
Le test des missiles s’effectue à l’aide d’un ordinateur. Le bâtiment est situé à distance du hall pyrotechnique pour des raisons de sécurité. Pendant les tests, la zone du dépôt d’alerte est interdite à la circulation. Seuls les opérateurs sont dans la zone.
On relève, en juillet 1980, que le Commandant Alaux succède au Commandant Giraud à la tête de l’EC 01.011. Nous retrouverons ce Commandant, nommé Colonel, à la tête de la BA 136 par la suite…
Le 27 septembre 1980, une journée dédiée aux réservistes se déroule sur la base. Le Général Cornavin, Général adjoint au Général commandant la FATac 1ère RA, insiste, lors de son allocution, sur le rôle important des réservistes pour la défense des bases. La journée se poursuit par une exposition statique où le Jaguar est présenté aux réservistes, deux sous-officiers du 13ème régiment de Dragons de Dieuze présentent le fameux “clairon” qui n’est autre que le nouveau fusil d’assaut FAMAS en dotation. Une démonstration du groupe cynophile clôture la séance. A cette époque, la politique de défense des bases consistait à rappeler les réservistes pour assurer la défense et la protection des installations, pendant que le personnel d’active s’occupait de la mise en œuvre des avions. Il y avait donc deux activités sur la base : la défense, avec les réservistes, déployés dans toutes les unités de la base et la mise en œuvre des avions. Il était assez amusant de voir les réservistes, en tenue de combat avec leurs grands cheveux, croiser le personnel d’active, en treillis de mécanicien avec les cheveux courts, comme le demandait le règlement de discipline…
Le 28 septembre 1980 l’heure de la retraite sonne pour l’aumônier Gaonac’h. C’est au bout de 13 années de ministère au sein des armées de mer, de terre et de l’air qu’il quitte le service actif. Entré en service le 15 octobre 1937 au 63ème bataillon de chars de combat, il est affecté au dépôt des troupes du levant jusqu’à sa radiation le 15 octobre 1940. Le 8 juin 1941 il est rappelé à l’activité dans son unité et le 14 juillet 1957 il est renvoyé dans ses foyers. Après 16 années d’interruption il va de nouveau exercer à compter du premier octobre 1967 dans la marine nationale et ce jusqu’au premier septembre 1972. Le 28 septembre 1973 il atteint la limite d’âge et est rayé des contrôles de l’armée de mer. Le premier octobre 1973 il signe un contrat de cinq ans sur la base de Salon de Provence. Le premier octobre 1976 il est affecté sur la BA 136. Le père Gaonac’h se retire à Lennon dans sa Bretagne natale. Toute la base lui souhaite une bonne et heureuse retraite bien méritée.
Le 21 novembre 1980, le Général de corps aérien Forget, commandant la FATac 1ère RA, inaugure officiellement la nouvelle infirmerie en présence du médecin Général Sclear.
C’est après avoir coupé le ruban traditionnel que le Général Forget remet les installations au médecin principal Baychelier, médecin chef de la BA 136. L’ancienne infirmerie de la base a donc disparue. Elle a cependant une histoire qu’il ne faut pas oublier.
Hôpital américain sur TRAB
Initialement, l’hôpital américain s’étendait sur 4.400 m², il comprenait une maternité, un bloc
L’ancien bâtiment des “Airmens” est réhabilité pour recevoir le service médical. Une entrée est réalisée sur le côté. L’étage est réservé aux chambres d’hospitalisation. Le rez-de-chaussée est aménagé en salles de soins, bureaux des docteurs, secrétariat et magasins. Le service médical, nouvelle version, sera en activité jusqu’à la dissolution du détachement air 136. Les évolutions, dues aux différents mouvements des unités, n’entraînera que la diminution des effectifs au niveau médecins et infirmiers, et le retrait de certains véhicules, devenus sans emploi, suite à l’arrêt de l’activité aérienne.
L’année 1980 se termine. Elle aura été l’époque des grands chantiers. En plus du programme du dépôt d’alerte escadre, la construction d’un poste de commandement enterré (PCE) a débuté en début d’année. La base de Toul-Rosières a été, encore une fois, désignée pour expérimenter ce nouveau concept qui est une suite logique de la politique de défense envisagée vis à vis du bloc de l’Est. Ce nouveau poste de commandement est prévu pour recevoir le commandement de la base aérienne et le protéger des attaques chimiques ou nucléaires. Entièrement pressurisé, il est prévu pour permettre la continuité des opérations 24 heures sur 24, en cas de crise. Il comporte une cuisine, des sanitaires, un dortoir collectif, et un local technique. Le commandement est donc en mesure d’occuper le poste de commandement pendant plusieurs jours sans sortir.
Il est relié au réseau de communications par des circuits protégés. Il possède ses propres moyens de transmissions et une antenne extérieure, permettant la continuité des liaisons an cas de détérioration des circuits de la base. Les escadrons ne sont pas en reste, des abris sont prévus pour protéger le personnel navigant et le personnel mécanicien. Des modules d’accès, permettant la décontamination sommaire du personnel sont intégrés à l’ouvrage. Il faut, en effet, permettre au personnel de sortir pour mettre en œuvre les avions.
Un vaste chantier est mis en œuvre sur la base. Le terrassement effectué pour le PCE est impressionnant
Le 9 janvier 1981, la base aérienne est le lieu de rassemblement des autorités de la FATac 1ère RA. Le Général Forget, commandant la FATac 1ère RA a choisi la base pour présenter les nouvelles orientations de l’armée de l’air. Il est assisté du Général Boichot, adjoint territorial. C’est aussi un retour aux sources pour ce général, qui fut commandant de la base. Le Général Forget prononce une allocution au mess des officiers, présentant ses vœux pour 1981 ainsi que le bilan de l’année écoulée.
Le 15 février 1981, le génie de l’air termine de raser l’ancien hôpital américain. Il laisse une place nette…
Le 25 février 1981, la BA 136 rend hommage à monsieur Lage, ingénieur subdivisionnaire de l’équipement et artisan de l’amélioration des 520 hectares du site remis à l’armée de l’air en 1967. Après 14 années de durs labeurs pour donner à Toul-Rosières les moyens de faire face à ses missions opérationnelles, il quitte ses fonctions. Il a travaillé avec 8 commandants de base pendant sa carrière sur Toul-Rosières, et tous sont unanimes pour reconnaître en lui un collaborateur particulièrement efficace et de toute confiance. A noter la présence du général Anquetil, directeur de l’infrastructure air.
Le 18 mars 1981, Toul-Rosières est en deuil. Le Colonel Georges Phelut, commandant la base aérienne 136, trouve la mort en service aérien commandé près du village de Martincourt, petit village situé entre la base et Pont-à-Mousson.
C’est aux commandes d’un Jaguar qu’il est victime d’un accident aérien.
La cérémonie religieuse est concélébrée par le père Roy, aumônier de la garnison de Nancy, le père Rougelin, aumônier de la FATac, le père Lenclos, aumônier de la base de Nancy-Ochey et le père Protin, aumônier de la base de Metz et de Toul. C’est une émouvante cérémonie qui se déroule en silence et en ordre. Le cercueil est gardé par six Colonels, amis du défunt. Le Général Forget prononce l’éloge funèbre, retraçant la carrière dense du Colonel Phelut et son bref passage sur Toul-Rosières.
L’accident a eu lieu il y a longtemps, ma peine est toujours aussi forte. Je ne vous oublie pas mon Colonel de l’EMAA/3ème B.
Simple citoyen faisant son service militaire je me souviens de ce triste jour. affecté à l’auto-école j’étais chauffeur pour les officiers supérieurs à cette occasion.
je servais sous les drapeaux sous la classe 80/10. j’effectuais mon service comme jeune militaire sur son escadron ou son Jaguar est parti pour ne pas revenir, journée tragique sur la base 136. je me souviens même que l’information avait été diffusé quelques heures après sur EUROPE 1 par une radio amateur CB avant même que sa famille soit au courant, cela m’avait profondément choqué…
je suis depuis devenu pilote privé, et j’espère un jour survolé la base en ayant une pensée pour lui.
Un 18 mars, 40 ans en arrière, s’envolait pour toujours le Col Phelut.
Chez moi c’est une journée de recueillement. Il me reste tant de discussions et de souvenirs…
J y étais, j étais fusillier commando de la 80/10 quand on nous a annoncé le crach d un avion .on a cru sur le coup que c était un exercice.