BA 136 : les années ROBERT

Le 8 Septembre 1995, le Colonel Ricour passe le relais au Colonel Robert. Il est le seizième commandant de la base.

La journée débute par une messe, célébrée à la chapelle par l’aumônier Derule, puis le Général Pidancet, commandant la Région aérienne Nord- Est, donne le commandement au Colonel Robert.

Le colonel ROBERT (chemisette blanche) quand il était commandant d'escadrille au 3/11
Le colonel ROBERT (chemisette blanche) quand il était commandant d’escadrille au 3/11

TAM 95 se déroule du 22 au 29 septembre 1995. Sur la base de Toul-Rosières. On compte vingt- quatre F16, huit F15, quatre F1. Tous ces appareils font partie de la “Blue Force”. Sur la base aérienne 133 de Nancy se trouve la “Red Force” soit huit Mirage 2000 RDI, deux Mirage 2000 NK2, quatre MIG 29 et huit Tornado.

F 15
F 15

A peine un mois après TAM 95, la BA 136 accueille “CASSIC 95″ du 16 au 22 octobre 1995. La vérification sur le terrain des moyens”C3I” et de défense sol-air projetables est un succès. Cet exercice, qui est une première, permet de valider les concepts de communications satellites. Tout le dispositif a été installé rapidement, permettant ainsi de vérifier l’adaptation des systèmes informatiques et de communication qui doivent bien évidemment servir de lien entre toutes les armées. CASSIC 95 a accueilli, outre les officiers généraux des armées françaises, des délégations étrangères. De nombreux VIP sont venus sur la base. Le Général Paqueron, commandant le CASSIC est venu également pour inspecter ses troupes.

Visite du CASSIC
Visite du CASSIC

La base de Rosières est le centre de formation régional pour les pompiers. De nombreux stagiaires viennent recevoir la bonne parole sur le site. L’année 1996 débute avec la formation du premier chef d’agrès féminin par la SSIS. L’aviateur Marie Thérèse Domingo. Cette spécialité est désormais ouverte au personnel féminin. Nantie de son certificat, cette jeune aviatrice pourra prendre sous sa responsabilité l’équipage et la mise en œuvre du véhicule d’intervention rapide polyvalent de la base aérienne 107 d’où elle est issue. Félicitations à cette femme qui ouvre la voie à ses congénères.

La BA 136 formait les pompiers
La BA 136 formait les pompiers

Le 22 février 1996, le Général Jeantet et le directeur de la DDE, Monsieur Sichermann, viennent visiter la zone Roussillon à l’occasion de l’implantation du Génie de l’air. La fermeture du 15ème RGA de Toul Thouvenot est annoncée et la mise en place d’une compagnie du génie de l’air sur la BA 136 est envisagée… En effet, le génie de l’air se replie sur la base d’Istres. Mais les constructions nécessaires, pour accueillir la totalité du personnel, ne sont pas encore effectuées. Il est donc question d’accueillir, temporairement, une compagnie du génie de l’air sur la base. La 5ème compagnie opérationnelle du génie de l’air (COGA) s’installera à la place de l’escadron 01.011. Cette compagnie fera partie du détachement air 136.

Où il est question d'installer le Génie de l'Air sur la BA 136
Où il est question d’installer le Génie de l’Air sur la BA 136

Le 29 mars 1996, la base reçoit la visite de “l’instit”. Le Sergent-chef de réserve Gérard Klein et son fameux bus jaune de “va savoir” se présentent à la porte de la base. Une escale aérienne pour Yasmine, Vincent, Alan, Anne, Ségolène et Anne-Christine, cinq collégiens de la banlieue messine. Et comme toutes les histoires gauloises finissent par un repas, c’est un goûter, avec chocolat chaud et gâteaux qui ont été servi à ce petit monde de curieuses et de curieux…

“L’instit” et le colonel ROBERT

Les 14 et 15 mai 1996, la base est inspectée par le Général Vallat, inspecteur général de l’armée de l’air. Cette inspection a pour thème : doit-on fermer la base ? Cette visite redonne un espoir au personnel qui met un point d’honneur à répondre aux questions et à justifier leur place au sein de la base. L’officier adjoint, de l’époque, est tout heureux d’annoncer, par la suite, que le travail a été payant et que la base ne fermera pas…l’avenir, malheureusement, contredira ses dires. Quoique l’on fasse, la fermeture de la base est déjà inscrite dans le marbre…

Le 31 mai 1996, c’est au tour de l’escadron 02.011 de fermer ses portes. C’est encore une véritable page de l’histoire de la base qui se tourne avec cette cérémonie. Le Général Peron, commandant la FATac, a l’insigne honneur d’enrouler le fanion de l’escadron et de le remettre au service historique de l’armée de l’air. Dix Jaguar, dessinent dans le ciel du Toulois un chevron, symbole de la chasse. Le 02.011 s’en est allé sous l’œil des invités et du personnel de la base recueillis pour la circonstance.

Fermeture de l'escadron 2/11 VOSGES
Fermeture de l’escadron 2/11 VOSGES

Dans l’éditorial du journal reflets numéro 145, le Colonel Robert, commandant la base, annonce la prochaine dissolution de l’EC 03.011 dès l’été 1997. Autre nouvelle quelques lignes plus loin, la base aérienne 136 devrait être transformées en détachement air, rattaché à la BA 133 de Nancy. A peine la destinée de la base a-t-elle été fixée par le ministre de la défense que le Colonel Robert en informe le personnel. Et dans l’éditorial le Colonel demande au personnel “de ne pas avoir d’état d’âme car la mission est fixée pour les deux années à venir”… Il demande “d’essuyer, comme on essuie les verres d’une paire de lunette, la buée des passions sur les yeux pour réagir en professionnel, c’est à dire avec raison…”

Le 19 septembre 1996, le chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA), le Général Ranou, un ancien de Toul-Rosières, accompagné du Général Pidancet, commandant la Région aérienne Nord-Est, vient en visite sur la base. Au cours de cette visite il ne manque pas de confirmer au personnel la dissolution du 15ème RGA et la venue d’une compagnie sur le site ; la dissolution de l’EC 03.011 et le passage en détachement air. Il rassure le personnel en rappelant que le cas de chaque militaire de la BA 136 sera pris en compte lors des profondes restructurations qui toucheront la base l’année prochaine… Le sort de Rosières est donc bien définitif. La base aérienne fermera en septembre 1998. Le détachement air 136 lui succédera…

Le 23 décembre 1996, la base organise sa dernière présentation au drapeau du contingent. Après trente années sans interruption, le centre d’instruction militaire de Rosières ferme. Des volontaires féminines aux volontaires masculins, le centre d’instruction militaire a parfaitement joué son rôle tout au long de ces années.

L’année 1997 marquera le 30ème anniversaire de la création de la base française. Depuis l’arrivée de l’échelon précurseur en avril 1967, il en est passé de l’eau sous les ponts ! Et c’est le 30 avril 1997 que le Lieutenant-colonel Bawejski, commandant l’EC 03.011, effectue le dernier vol Jaguar de l’escadron.

Puisque la base doit fermer, puisque que les avions sont partis, puisque que le détachement air va succéder à la BA 136, le Colonel Robert, commandant la BA 136, fait ériger une stèle Jaguar devant le PC base. C’est pour que la 11ème escadre de chasse soit toujours honorée que la base se dote d’une nouvelle place d’armes. Dès le 12 mai 1997, le service infrastructure de la base, le GMMTS 15.011, l’équipe plate- forme et le service local constructeur travaillent de concert pour que le Jaguar A26 repose sur sa stèle. Le 9 juin 1997 c’est chose faite… Ce Jaguar restera tout au long de la vie du DA 136. Les cérémonies militaires se dérouleront sur cette place.

Le Jaguar sur stèle et l'équipe qui l'a installé
Le Jaguar sur stèle et l’équipe qui l’a installé

Le 25 juin 1997, est une journée qui restera gravée dans la mémoire des 800 personnalités et invités pour la dissolution de l’EC 03.011. Le Général Peron, commandant la FATac, a de nouveau l’honneur de recevoir le fanion de l’escadron et de l’enrouler avant de le remettre au service historique de l’armée de l’air.

Le général PERON reçoit le fanion de l'escadron 3/11 CORSE
Le général PERON reçoit le fanion de l’escadron 3/11 CORSE

Le fanion de l’EC 03.011 ira rejoindre ceux du 01.011 et du 02.011, en attendant qu’une nouvelle unité aérienne reprenne les traditions de ces escadrons. Ultime gardien des traditions de la 11ème escadre, l’EC 03.011 a suivi la devise “Res non Verba” jusqu’au bout et lui est resté fidèle.

Le 18 juillet 1997, c’est au tour de la section de défense sol-air 08.950 d’être dissoute. Le Colonel Robert enroule le fanion qui ira rejoindre le SHAA. Il ne reste plus d’unité aérienne sur le site, la section de défense sol- air n’a plus de raison d’être. C’est toujours avec un pincement au cœur que l’on regarde partir le personnel des unités dissoutes. Des amis nous quittent, laissant derrière eux un immense vide, remplit de souvenirs. Mais combien de temps encore nous souviendrons-nous d’eux ?

Le nouveau Padré est arrivé ! Non ce n’est pas une publicité, le nouvel aumônier Jacques Griffond, prend la succession du père Derule. Il aime le monde militaire, d’ailleurs c’est un ancien militaire. Il était dans un escadron de protection de réserve (ancien commando de l’air), intégré dans la réserve de la BA 133. En septembre 1988 l’abbé Griffond rejoint la paroisse Saint Fiacre de Nancy, il s’occupe des servants de chœur, il met au point un programme de formation qui fait l’objet d’un livre. En septembre 1993 il est curé, à temps partiel, d’un ensemble de 7 villages. Il est ceinture noire de judo, il fait de la réserve à Nancy. Je l’ai côtoyé durant mon séjour sur le DA 136, je lui ai même donné le surnom de “mercenaire du Vatican” à cause de ses nombreux détachements en opérations extérieures. Un surnom qui lui est resté, d’ailleurs, jusqu’à la fin. Avouez, tout de même, que pour un padré ce n’est pas mal comme carte de visite…

Le nouveau
Le nouveau “Padré”

La base aérienne est sans avion, elle peut toutefois en accueillir d’autres. Cela n’est pas sans rappeler le destin de TRAB, qui passait en “DOB”1 par périodes et recevait les avions américains qui se rendaient sur les bases américaines de France et de Navarre…

En cette fin d’année 1997, les Mirage 2000 D de l’escadron 02.003, originaires de la BA 133, se déploient sur la BA 136. Ils sont là pour 18 mois, le temps que les travaux de rénovation de leur hangar soient terminés. La base de Toul-Rosières va servir de repli pour les unités aériennes de la FATac. Terre d’asile, elle sera utilisée jusqu’à la fermeture définitive de la piste.

1 Dispersed Opérating Base : base d’opération dispersée, c’est-à-dire, base de déploiement

Le Colonel Robert, commandant la base aérienne, est l’homme des restructurations qui se sont déroulées tout au long de ces dernières années. Il est arrivé sur la BA 136, à la 11ème escadre de chasse, en 1975. Il revient trois fois de suite sur le site, effectuant une période globale de 12 ans. Il quitte la base en 1997 avec le dernier Jaguar. Comme il le dit dans son dernier éditorial “il y a des coïncidences dont on se demande sérieusement si elles sont les fruits du hasard ou si elles sont l’œuvre d’un meneur de jeu malicieux…” Il se trouve que le destin lui a joué un mauvais tour. Il a été chargé de mener à terme la dissolution des unités dans lesquelles il a été formé comme pilote de chasse. Déjà, lorsqu’il était à l’Etat-major de l’armée de l’air, dans ces hautes sphères de Ballard, il a travaillé sur le dossier de Toul-Rosières. On peut dire que c’est lui qui est à l’origine des plans de fermeture. Peut-être que le destin lui a forcé la main pour parachever l’étude sur laquelle il se penchait dans son bureau de Paris. Son successeur aura la lourde tâche de préparer la transformation de la base aérienne 136 en détachement air…

On sent qu'on approche de la fin de la BA 136...
On sent qu’on approche de la fin de la BA 136…

Une réponse sur “BA 136 : les années ROBERT”

  1. “Je l’ai côtoyé durant mon séjour sur le DA 136, je lui ai même donné le surnom de “mercenaire du Vatican” à cause de ses nombreux détachements en opérations extérieures. Un surnom qui lui est resté, d’ailleurs, jusqu’à la fin. Avouez, tout de même, que pour un padré ce n’est pas mal comme carte de visite…”
    La carte de visite s’est étoffée un peu plus après, passant par Salon-de Provence, pour gagner les hautes sphères de Balard, où il exerça les fonctions d’aumônier en chef adjoint air auprès du CEMAA.
    Un ex-PSO de la CABA 117.

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