J’étais alors directeur des vols dans la haute cage de verre. Vue imprenable sur les aiguilles de Bavella à l’ouest et, à l’est, sur la piste sur la mer toute proche.
Une patrouille de F100, en convoyage de Djibouti vers Sculthorpe, en Angleterre, est à l’alignement face au sud et je regarde les anciens et beaux oiseaux avec émotion. Le contrôleur donne l’autorisation de décoller.
Les coups de PC me ravissent le cœur. Poussés par leurs longues flammes orange avec leurs anneaux brillants bien visibles, ils décollent de toute leur puissance, faisant vibrer l’air jusqu’au sommet des montagnes.
« Airborn ».
Soudain, le numéro 158 piloté par un adjudant de mes amis, annonce une panne hydraulique affectant les commandes de vol. Je saute sur les procédures de secours et les récite au pilote tandis que ce dernier vire à gauche pour passer vent arrière. Sa remontée vers le nord nous paraît interminable. Je surveille aux jumelles la moindre anomalie dans le comportement de l’appareil, prêt à ordonner l’éjection. Le dernier virage est mal engagé, trop serré semble-t-il.
Accroché des deux mains au dossier de la chaise du chef contrôleur, je cesse de respirer. La pente de l’avion est trop forte, la vitesse est faible alors que l’inclinaison augmente. Va-t-il over-shooter ? Ou même… ? Malgré un ultime coup de palonnier, nez en l’air, l’aile gauche touche la piste la première. Brutalement renvoyé sur le train droit, le pneu éclate dans un tourbillon de fumée bleue ; la roulette de nez, plaquée au sol résiste jusqu’au moment où, après 800 m environ, le F100 sort de la piste sur la droite.
Le train avant se brise, le nez tombe au sol en soulevant un nuage de sable, la trajectoire cahotante s’infléchit vers nous. Il s’arrête enfin exactement face à moi, une courte distante de la tour de contrôle.

Les premiers secours roulent déjà pour éteindre un début d’incendie tandis que la verrière s’ouvre et que le pilote se dresse sur son siège. Je respire un grand coup, la tension retombe.
Chacun y va de son commentaire, brouhaha qui contraste avec les minutes précédentes, où seulement peu de mots furent échangés, l’insonorisation de doubles vitres donnait un aspect irréel à la scène. L’image mais pas de son.
Le soir, en consultant mes carnets de vol, je constate que le F100 numéro n° 158 était le dernier que j’avais piloté en cet après-midi du 19 septembre 1967. Je « leadais » une patrouille de quatre avions et j’exécutais un dernier passage en box au-dessus de la base de Colmar où nous étions stationnés.
Arrivé au parking, je me souviens m’être « débréllé » lentement avec un énorme sentiment de tristesse que je cachais de mon mieux. En bas de l’échelle, m’assurant que mon pistard ne me regardait pas, je posais un baiser sur la carlingue tiède tout en le flattant de la main pour remercier mon bel oiseau avoir été docile pendant les huit années où il m’avait porté.
Le F100 était mon ami. Le seul avec qui je partageais sur le vif mes peines, mes peurs et mes joies de pilotes. Je l’aimais il me le rendait. Il ne m’avait en effet jamais trahi et les quelques pépins que j’avais pu avoir, étaient juste fait pour me rappeler qu’en tant que passerelle indispensable entre le ciel et moi, il méritait respect et attention.
Mais pourquoi le 158 est-il venu mourir à mes pieds, face à moi, dans une aussi tragique révérence ? « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?… »
Jean Jacques COIFFARD
Bonsoir,
En 62, jeune mécano sortant de Rochefort je suis affecté a Lahr au 2/3
Champagne. Au bout de quelques mois, j’ai eu l’ honneur de voir le nom du pilote et le mien peints sous la verrière du 158 codé 3-JF. Puis furent les Mirage , Nancy …
Le 17 février 1977 je suis en piste L’ELAS 1/44 à Zara. Le téléphone sonne un copain de la Tour que j’avais connu en Allemagne me demande quel était le S/N de “mon avion”
-Le 158
– M… c’est lui qui vient de se crasher
15 ans s’était ecoulé
J’ai eu l’honneur de faire mon service militaire comme sous lieutenant,officier de renseignement
a Bremgarten puis Colmar en même temps que le lieutenant (à l’époque) Coiffard au sein du 3/11 corse
Parmi les meilleurs souvenirs de ma vie
Jacques Tardy0609945274
Appelé pour mon service militaire sur la base de Bremgarten en janvier 1966 j’ai été le 1er marqueur aux OPS l’ors de la création le l’escadron de chasse 3/11 Corse en avril 1966 puis sur la base de Colmar jusqu’en avril 1967
Le Cmd Dreux commandait l’escadron ,les Cpt Hirt (nounours) et Bongiraux (le bouns) étaient les commandants d’escadrilles
j’ai bien connu le Lt Coiffard et le Lt Tardy ,je leur adresse a tous mon meilleur souvenir 1er classe Serge Greatti