Jean Luc MANSION dit “Schnappy” nous a quittés.

Jean Luc MANSION décédé le 27 Mai 2020, restera dans l’histoire de la 11EC et de l’Armée de l’Air comme le leader de la première mission effectuée lors de la “Guerre du Golfe”. Il était alors commandant de l’escadron 2/11 VOSGES et à la tête des 12 Jaguar qui ont attaqué le terrain d’Al Jaber. Ce fut une mission dantesque.

La préparation ; l’ATO (Air Task Order, le document qui donne à l’ensemble des participants, les élément nécessaires pour préparer la mission (objectif, heure sur objectif, ravitailleur,…) est arrivé tard dans la nuit ce qui laissa peut de temps et fit en sorte que Jean Luc ne put bénéficier que d’un temps de sommeil très court (voire pas du tout). La situation tactique fournie par les officiers de renseignements s’est révélée à posteriori très “approximative” et le tout interrompu de temps en temps par des alertes “SCUD”. Bref, vraiment pas les conditions idéales.

L’exécution ; je vous renvoie aux différents récits (voir ci-dessous) que les pilotes de la mission en ont fait, mais pour résumer ils ont pris cher comme on dit maintenant. Cela a commencé par les bombes des F 16 de la National Guard US qui étaient en retard sur l’horaire initialement prévu et qui ont largué juste avant l’arrivée des Jaguar. Mais surtout il y a eu le comité d’accueil très fourni qui infligea des dégâts sérieux à quatre avions. C’était du jamais vu ; un des pilotes de la patrouille m’a raconté que pendant la phase d’approche il volait très bas (vers 100 feet) et qu’en voyant les traçants de l’artillerie anti-aérienne lui passer au dessus, il avait baissé la tête et poussé sur le manche pour passer en dessous et tout ça à 500 kts… Une catastrophe évitée de trois fois rien à l’image de la balle qui a entamé le casque de Charly ; à 1 cm près il n’en revenait pas.

L’histoire se termina bien puisque l’objectif fut traité et que tous les avions sont rentrés en plus ou moins bon état, mais cette mission marqua les esprits, surtout ceux des participants qui se retrouvent chaque année à la date anniversaire. L’année prochaine, celle des trente ans, ce sera malheureusement sans leur chef.

Jean Luc en tant que commandant d’unité a été leader avec succès d’une mission de guerre à la tête de ses troupes ce qui ne peut que forcer le respect, car ce n’est pas par hasard qu’on mène à bien ce genre de mission. Cela nécessite, compétence, expérience et l’adhésion de ses subordonnés.

“Charly” MAHAGNE qui l’a eu comme chef au 2/11 et qui fut un des équipiers de la patrouille m’a fait parvenir ce texte. 

Le Général Jean-Luc Mansion

Le Commandant Mansion nous arrive à l’été 1999 directement de l’académie des chasseurs aux yeux bleus, le grand 2/2 Côtes d’or. Son expérience est indéniable même si son ressenti de la barque à fond plat le laisse perplexe. A son poste de commandant en second il se fait très rapidement une place de choix au sein de l’escadron. Et la guerre électronique devient pour lui une mission à part entière. Il est très apprécié et son premier détachement à Bangui se passe à merveille au milieu d’une bande de joyeux lurons de CP et Sous CP.

C’est en 1990 qu’il prend le commandement de l’escadron 2/11 Vosges. Tout de suite, il s’affirme et on l’apprécie comme chef. Il est ferme, exigent mais juste.

En août, Le Koweït est envahi par l’Irak de Saddam Hussein. Dès lors, il n’a de cesse de préparer son escadron au départ pour la guerre. Tel un chef de guerre, il prendra la tête de ses troupes pour une première mission du D Day, jugée à risques et qui s’avéra périlleuse. Mais comme souvent, il a eu « la baraqua » et a ramené ses 12 pilotes au bercail.

C’est d’ailleurs lui qui a tenu à conserver cette union sacrée créée ce jour-là par une commémoration des douze familles tous les ans autour du 17 janvier.

Son commandement de l’EC 1/4 Dauphiné à Luxeuil puis de la Base Aérienne 126 de Solenzara n’ont fait que consacrer cet homme dont la fierté était celle de l’institution. D’autant diront que c’était une grande gueule dans le métier, peut-être, mais toujours à bon escient et pour le bien du service.

« Mon Général, mon ami, malgré tous tes efforts et le soutien que t’ont apporté tes proches, les portes de la vie ont fini par se refermer sur toi. Saches, où que tu te trouves, que je trinquerai souvent en pensant à toi, moi qui suis si fier d’avoir été sous tes ordres. »

                                                                       Alain MAHAGNE « Charly »

Quelques témoignages de cette mission.

– Le récit de “Schnappy” https://www.dailymotion.com/video/xgnywl?fbclid=IwAR2CROyeCLbj6RrK_OObW2odxNMJdbFd8J5iTxOhzEig9Jw_ns9SC5nKJ6M

La mission racontée par Charly

Seul au dessus du désert par Bonnaffoux 

Attaque du terrain d’Al Jaber par Schwebel 

5 réponses sur “Jean Luc MANSION dit “Schnappy” nous a quittés.”

  1. Très sincères condoléances à toute la famille de Jean-Luc qu’il repose en paix

  2. Je viens d’apprendre à l’instant le décès de “Mon chef”.
    Avec beaucoup d’émotion, toutes mes pensées vont aux siens, à ses 12 équipiers et à “cousin” son mécano, lors de cette 1er mission de guerre du 17 janvier.
    Nous sommes partis au “combat” sous ses ordres, l’esprit serein, car il était d’une race de Chef que l’on suit ou qu’il aille, parce qu’il était devant.
    Dans la défaillance Professionnelle et humaine… il ne se privait pas de nous rappeler, haut et fort si nécessaire… notre devoir dans la mission, que l’on soit Officier ou Sous-off.
    N’oublions surtout pas qu’il était justice incroyable.
    J’aurai tellement d’anecdotes plus ou moins…décapantes, hilarantes.. à vous raconter sur lui, mais s’il faut retenir une seule image, c’est bien ce poing levé, qu’il nous a montré lors du retour sur le taxiway d’Al asha le 17 janvier.
    On a fait le job, nous sommes tous rentrés.
    Bon vol mon Commandant.

  3. Pour les anecdotes, si vous voulez en faire profiter tout le monde, le site est ouvert et je serai heureux de les publier.

  4. Bonjour. Avec peine ,j’apprends le décès du général Mansion ,que j’ai connu lorsqu’il était cdt en second sur la BA 102 à Dijon. Bon vol mon général.

  5. A la tête du détachement logistique Fatac Daguet à Istres, j’ai accueilli les pilotes en retour du Golf avec leurs jaguars, et à leur tête le commandant Mension : respect messieurs, vous étiez impressionnants et reveniez de la guerre, quelques réparations dommage combat sur la cellule de vos avions témoignaient de l’arrosage que vous aviez subi lors de ce grand raid, par le comité d’accueil de protection de la base irakienne . J’étais impressionné de rencontrer le commandant Mension, chef de guerre, très simple, il avait son arme dans le holter, et le téléphone de mon algéco et mon fauteuil avait servi à presque tous. Vous n’étiez pas très contents d’être bloqués à Istres pour n’arriver “officiellement” à votre base avec les autorités que le lendemain et la TV qui immortalisait l’instant…Je vivais à l’escale d’Istres un moment unique dans ma carrière : j’accueillais des pilotes en retour d’une vrai guerre.
    Général Mension, vous avez du rejoindre (trop tôt) le paradis des glorieux pilotes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *