Bernard Cayrier – Pilote de chasse – Pilote de course…
Être pilote de Jaguar à 32 ans avec plus de 2 000 heures de vol à son actif n’est déjà pas une mince affaire. Mais lorsque l’on sait que le même Bernard Cayrier, adjudant-chef, à la base de Saint-Dizier passe le plus clair de ses loisirs aux commandes d’une Fiat Abarth 1000, qu’il participe à des courses de côtes et qu’il remporte coupes après coupes, cela relève décidément d’un caractère très entreprenant.
Le pilotage d’un chasseur ou la conduite d’une dévoreuse de macadam ne demande certes pas les mêmes qualités, mais que ce soit en basse altitude ou dans les épingles à cheveux la volonté et la soif de réussir sont tout aussi intenses. Avant de se retrouver dans la cabine d’un Jaguar, la progression au sein des écoles de pilotage n’est déjà pas chose facile, tous les élèves pilotes sont là pour en juger. A bien des nuances près il en est de même pour les courses de côtes et d’une façon générale pour la compétition à “quatre roues”
Un cheminement semé d’embûches
Animé par la passion des courses, Cayrier commence par collectionner livres et revues spécialisées. “Afin d’être plus près de la course”, selon son expression il passe l’examen de commissaire de piste. Le vrai contact estpris, etle rêve devientpeu à peu réalité. Mais l’ambiance vrombissante des bords de piste fait de cet amateur éclairé un spécialiste chevronné, et naît en lui ce désir profond de n’être plus spectateur, de devenir l’un des acteurs de ces poursuites effrénées contre le temps… Ce temps matérialisé au creux de la main par le chronomètre contre lequel maintenant il va falloir lutter. Un pari tenu malgré les difficultés toujours croissantes qui règnent dans le monde du sport automobile. Ce n’est un secret pour personne, la compétition “auto” est la plus onéreuse des passions.
“Mettez du “boost” dans votre moteur”
Il y a un an, pour quelques milliers de francs, il déniche une pièce rarissime : l’Abarth 850 TC que Claude Ballot Léna fait connaître au grand public plusieurs années auparavant en arrachant une victoire sans appel aux célèbres Mini Cooper à Magny Cours. Son engin, bien caché au fond d’un garage, il entreprend de transformer cette brave mais modeste voiture en une véritable “bête de course”, il refait le bloc moteur et monte un “Bialbero”… 105 chevaux à 8000 tours !
Légère et puissante la machine devient déjà apte au slalom “très spécial” qui est celui des courses de côtes. La boîte sera celle d’une 850 S. Premier de ses problèmes : trouver les bonnes pièces qui devront être aussi précises que les rouages d’une horloge helvétique ! Comme le veut la légende c’est en Suisse qu’il trouve tous les morceaux manquants du puzzle. Ce pilote du manche et du volant passe tout un hiver à préparer l’objet de ses rêves. La journée, il la vit à plusieurs milliers de mètres d’altitude, sous une bulle de verre, à des vitesses que seuls ses compagnons et lui-même peuvent estimer. Le soir couché sous le moteur de l’Abarth les doigts pleins de camboui, il dirige la métamorphose d’une banale voiture de série en une reine de la route.
“Chasseur” de Sponsors
Aidé par un ami dont les connaissances mécaniques en font un partenaire précieux, Cayrier met au point l’Abarth et commence les reconnaissances. Chaque détail du parcours est enregistré, classé, chaque virage testé au maximum des possibilités de la voiture. Cayrier se met alors en quête d’éventuels sponsors. De leur bonne volonté dépend l’avenir d’un coureur et d’une écurie. Au stade de la compétition l’aide financière se fait indispensable. Les voitures sont d’excellents supports publicitaires, et les sponsors qui ne sont pas de mécènes en sont bien conscients. Les résultats ne se font pas attendre, toujours bien placé dans les courses de côtes régionales il remporte deux fois la victoire dans sa classe, et obtient en récompense de tous ses résultats pour l’année le challenge interarmées.
L’espoir en monoplace
Pour 1982 Cayrier a investi dans une formule monoplace moteur Talbot 1300. Cette fois-ci il espère se surpasser et pourquoi pas tenter la compétition nationale. Mais : “une saison régionale revient à 10 000 francs environ, pour le championnat de France il faut compter le double ou le triple au moins”. Pour l’instantje n’ai pas de sponsors et sans aide financière inutile de continuer, mais je garde le moral”. La chance qu’aide sa volonté, lui sourira une fois de plus, espérons-le.
Si le sport auto occupe tous les loisirs de ce pilote, l’aviation reste sa passion première : “Quand j’étais enfant, les pilotes étaientpour moi les symboles vivants de l’aventure et de l’héroïsme. Je regardais les avions de loin, puis j’ai commencé à voler à l’aéro-club de Montélimar”. Breveté pilote d’avion léger en 1970, Bernard Cayrier est entré dans l’Armée de l’air cinq ans plus tard.
Aujourd’hui, pilote de Jaguar, il est sous-chef de patrouille au 1/7 “Provence”