Connaissance de l’armée de l’air

Connaissance de l’armée de l’air

Généralités

L’aviateur se distingue, en grande tenue (tenue Buc), par un uniforme bleu sombre (pas bleu marine) à une seule rangée de boutons, tenue très rarement portée sauf par les officiers généraux (gégènes). La tenue la plus courante est la tenue de travail, chemise ou chemisette bleue ciel, avec ou sans pull-over gris bleu. Sur les bases aériennes (ne dites surtout pas caserne ou camp d’aviation), vous aurez la chance d’apercevoir les P.N. (personnel navigant dit pilote de chasse) qui ne se déplacent qu’en tenue de vol : combinaison (combarde) verte, foulard généralement très coloré, blouson avec col relevé, mains enfoncées dans les poches du blouson, allure souple et féline, sourire carnassier, regard acéré et œil brillant, surtout en présence de personnel du sexe dit faible.

Attention, méfiez vous des contrefaçons….Si par hasard, vous aperceviez un être bedonnant, en combinaison trop large, au faciès rougeoyant et à l’œil humide, c’est un pilote de transport. La combinaison permet l’emport des canettes de bière et la physionomie générale découle des agapes méridiennes généreusement arrosées.

Les aviateurs sont divisés en 3 catégories ou plutôt en trois corps :

• le P.N. (personnel navigant), caractérisé par l’étoile sur l’aile de poitrine et une plaquette nominative rouge,

• le corps des mécaniciens de l’air, qui porte la roue dentée et une plaquette mauve (bordeaux, lie de vin),

• le corps du personnel des bases de l’air, qui, lui n’a rien (les mauvaises langues disent que c’est un hamac) et arbore la plaquette bleue.

Un basier, un pilote, un mécano
Un basier, un pilote, un mécano

Le corps du P.N. :

Il comporte non seulement les pilotes, l’élite, mais aussi et malheureusement, quelques autres spécialités. Le P.N. (membre du corps du P.N.) porte sous le revers de la poche droite le « macaron » ou insigne de brevet qui différencie la sous-spécialité (pilote, navigateur, convoyeuse, etc.). Le macaron de P.N. est le seul brevet métallique spécifique dans l’armée de l’Air. Les autres corps portent généralement le brevet de parachutiste. Les pilotes, lorsqu’ils sont brevetés chef de patrouille (C.P.) peuvent porter, au dessus de l’étoile de l’aile de poitrine, 2 petits chevrons dont la couleur est fonction de la sous spécialité et qui rappelle la couleur d’arme des premiers aviateurs qui appartenaient à l’armée de Terre : vert « chasse », rouge « bombardement », bleu ciel « reconnaissance », bleu sombre « transport ».

Les pilotes se divisent en deux grandes catégories : transporteurs (sans intérêt) et chasseurs.

Nota : Les pilotes d’hélicoptères (ventilateurs, vibromasseurs) sont des pilotes de transport.

Compte tenu des caractéristiques de leurs avions, les pilotes de bombardement (bombardiers ou bombiers) sont des pilotes de chasse.

Le pilote de chasse (chasseur) porte l’insigne de son unité au dessus du revers de la poche gauche, alors que le pilote de transport (transporteur) le porte, lui, généralement, au dessous, pour cacher la tache de sauce d’un précédent repas.

Les chasseurs se subdivisent en 3 catégories, sans qu’aucun signe extérieur ne puisse cependant les différencier (flair et prudence…) :

• les chasseurs de défense aérienne (DA), ou chasseurs aux yeux bleus, ou chevaliers de la tropopause ou conquérants de l’inutile ou flics de l’air (police du ciel). Ils se nourrissent d’oxygène pur, ont vu la rotondité de la terre et savent que le ciel est noir ;

• les pilotes de reconnaissance ou chasseurs intelligents,

• les chasseurs bombardiers ou « mud movers »(ramasse-merde) ou camions à bombes ou bulldozers à stratus (le pilote est souvent assimilé à sa monture).

A gauche, les chasseurs aux yeux bleus et
A gauche, les chasseurs aux yeux bleus et

Attention : une convoyeuse de l’air n’est pas une hôtesse de l’air, même si elle en présente les mêmes caractéristiques techniques.

Le corps du P.N. est, par définition, omniscient. Si vous chercher un général pour commander du soutien, de la protection, de l’infra, du personnel, etc. vous ne pouvez pas vous tromper en prenant un général P.N. Évidemment, cela peut présenter quelques inconvénients en interarmées, où les chefs sont plutôt choisis en fonction des compétences et des expériences qu’en raison de l’appartenance à un corps.

Le P.N. ne bénéficie pas du même avancement que les autres corps ci-dessous (plus rapide), mais n’a pas les mêmes limites d’age : c’est pour cela qu’il doit se dépêcher de grimper dans la hiérarchie. Pour compenser, il profite du congé du P.N., d’un concours séparé au CID (largement doté en places disponibles) et d’autres choses encore que la décence nous interdit de préciser ici. Le P.N. n’a généralement aucune gène à continuer de percevoir sa solde à l’air (30% de la solde d’un capitaine) alors qu’il a cessé de voler depuis longtemps et qu’il fait le même boulot que son copain mécano ou basier qui travaille dans le bureau d’à-côté à l’EMAA. Cependant, pour justifier du fait qu’il perçoit sa solde à l’air, le P.N. va voler quelques heures par an dans une unité où il est « abonné ». Là, il consomme du carburant et du potentiel avion, lorsqu’il ne le casse pas. Enfin, le P.N. n’a aucun scrupule à vouloir aligner ses limites d’age sur les autres corps, dès lors qu’on n’en remet pas en cause les avantages qui lui avaient été accordés pour compenser le fait qu’il ne bénéficiait pas.

Le corps des mécaniciens :

Il recouvre tout le personnel qui à une fonction technique (sauf les mécaniciens navigants qui appartiennent au corps des P.N.), mécaniciens avions, radio, radar, auto etc.

Les mécaniciens (ou graisseux) honorent St Éloi, dont la fête se caractérise par une journée sans vol, agrémentée, généralement, de quelques agapes avinées et sonores. Ils rouspètent, à longueur de journée, contre les pilotes qui « cassent » les avions, qu’eux mettent tant de temps à réparer et à bichonner avec amour.

Certains mécaniciens « poussent des électrons dans des fils ». Ils dépensent inconsidérément de l’argent pour fournir très en retard aux autres des systèmes qui ne fonctionnent pas bien et qui sont toujours moins bien que « ce que je peux avoir sur mon téléphone ou à la maison ». Ces mécaniciens (les télécs) sont profondément méprisables dans la mesure où ils ne s’approchent que rarement des avions. Les autres sont des mécaniciens tout courts (méca-caca) qui passent 50% de leur temps à attendre le retour des avions cassés que les P.N. leur rapportent à 22h00 parce qu’ils ne souhaitent pas voler trop tôt le matin.

L’officier mécano (comme son collègue basier, d’ailleurs) a une chance très réduite de devenir colonel et infinitésimale de devenir général en activité. Ce n’est pas un problème, en raison de l’omniscience déjà citée du P.N. qui peut devenir dès qu’il le souhaite un grand ingénieur télécom ou remarquable gestionnaire R.H.

Le corps du personnel des bases :

Ce corps regroupe tout le personnel qui n’appartient pas aux deux précédents : administratifs (ou pailleux,) contrôleurs de circulation aérienne (ou naufrageurs, cannes blanches), commandos de l’air (ou cocoyes). Ces derniers sont des êtres particulièrement méprisables puisque ce sont les seuls, dans l’armée de l’Air, à porter le béret, comme les biffins (tout militaire de l’armée de terre est « biffin » pour un aviateur). La mission des basiers consiste à em……. quotidiennement le P.N. par des questions bassement terre à terre et généralement sordides (port du badge disgracieux sur les tenues de vol, remplir des papiers ennuyeux, diriger un avion vers l’endroit où le pilote n’a pas envie d’aller etc.). Un seul pailleux trouve grâce aux yeux du P.N., c’est l’officier trésorier qui paie les frais de déplacement.

Les avions :

Attention : On ne parle pas de « machines », dans l’A.A. Ce terme est réservé à la sous-race des pilotes d’hélico de l’ALAT.

Les termes « avions » ou « appareils » sont le plus fréquemment utilisés, celui de zinc, plus rarement et plutôt réservé au moment privilégié où le pilote raconte une de ses nombreuses aventures, le soir, au bar de l’escadron.

Le terme de « pointu » désigne un avion de chasse, celui de « lourd » un avion de transport.

Le coucou, le tagazou ou tagazou siffleur, l’avion en papier cul sont également employés mais seulement pour désigner, avec un brin de condescendance, les avions légers types aéro-club.

Le Mirage 2000 (2000 tout court est plus branché) et le F1 n’ont généralement pas de surnom. Le terme 2000 désignait avant le Rafale l’avion de défense aérienne, le seul, le vrai, peint en bleu.

Pour les versions d’attaque, il faut préciser, 2000N ou 2000D.

Le Jaguar était appelé par les mauvaises langues (essentiellement les pilotes de DA), barque à fond plat, poubelle, tas de tôles ayant l’habitude de voler ensemble, fini à la colle, etc…

Le Mirage III était surnommé la « truelle galactique ».

Le C 135, seul avion de transport, qui intéresse le chasseur, puisqu’il le ravitaille en vol, est appelé « nounou » ou « péniche ».

Contrairement au chacal, le Transall devient Transaux, quand il y en a plusieurs.

Les termes qui désignent les avions sont susceptibles d’évolutions, souvent imprévisibles. Ne parlez surtout pas d’aéroplanes, par exemple, c’est dépassé… depuis longtemps.

Les unités aériennes :

Autrefois, avant la guerre du Golfe, l’armée de l’Air (c’est-à-dire sa partie touchant aux avions ; pour le reste, trois fois rien, reportez vous aux brochures distribuées dans vos écoles) était organisée en escadres, escadrons et escadrilles.

Le niveau escadre a été petit à petit supprimé à partir de 1993. Les escadres étaient désignées par un numéro d’ordre suivi de « escadre de chasse de reconnaissance ou de transport ».

Exemple : 33° escadre de reconnaissance.

Dans le langage courant, on parle de la 33 ou de la 2 ou de la 11. Dire la trente troisième, la deuxième ou la onzième serait une hérésie. Ça fait très plouc et en général ce sont ceux qui se croient initiés qui s’expriment comme cela.

L’escadre possédait un drapeau.

L’escadron est l’unité élémentaire de combat de l’A.A. Il porte, après sa dénomination, un numéro d’ordre dans l’escadre à laquelle il appartient (même après dissolution de celle-ci) suivi d’un nom de tradition qui, en général, est celui de l’une de nos belles provinces ou villes. Exemples : l’escadron de chasse 2/11 (2ème escadron de la onzième escadre de chasse) Vosges, l’escadron de transport 2/64 Anjou.

Exceptions : le l/2 Cigognes, le 2/4 La Fayette

Nota 1 : le 1/13 Normandie-Niemen (le Neu Neu) porte le nom de Niemen accolé au nom de province par concession de Staline, à la suite de la conduite de cette unité au cours de cette bataille.

Nota 2 : dans le langage courant, un pilote de chasse dit qu’il appartient au l/2 (un, deux) ou au 3/7 (trois, sept), alors qu’un pilote de transport est du “Béarn” ou de l’« Anjou » (feu!).

L’escadrille est la première unité élémentaire d’aviation. Elle n’a plus d’existence opérationnelle mais est une subdivision traditionnelle de l’escadron, qui en comporte généralement 3. Le personnel affecté dans un escadron (P.N., mécano, rens, administratif) est réparti entre les escadrilles et en porte fièrement l’insigne. Cet insigne ne s’achète pas mais s’obtient après reconnaissance de services à l’unité. Les escadrilles sont pour la plupart issues d’unités créées pendant la première guerre. Elles sont désignées par une lettre ou un groupe de lettres (qui était à l’origine l’initiale de l’appareil dont elle était dotée) suivi d’un numéro d’ordres.

Exemple: SPA 3, BR 22 (SPA pour Spad, N pour Nieuport, V pour Voisin ,etc.).

Le commandant d’escadrille ou drille est le garant des traditions de son unité et le dépositaire de son fanion.

Nota : toutes les règles énoncées ci-dessus comportent de nombreuses exceptions. Seule une longue pratique du milieu (si vous arrivez à supporter), vous permettra d’en découvrir toutes les subtilités.

Le langage de l’aviateur :

Le pilote utilise un jargon plutôt hermétique très imagé et évolutif qu’il serait trop long d’expliciter. Voici simplement un exemple de phrase que vous pourriez être amené à entendre (avec recueillement, s’il vous plaît) :

« J’étais paisible à 50000 bottes, en weaves à 6 G, manette dans le phare et P.C. au cul, quand le leader me dit break. Je mets un coup de tatane à droite et l’avion part en couille. Ça tabasse un max, mais je réussis à rattraper le zinc les couilles au ras du pont. Je tire un max pour remonter le nez. 9G à la pendule, j’ai le calbut dans les godasses et là, la pine dans le ciel, je me retrouve le nez dans la tuyère de l’autre… Manette dans la poche et hop, FOX 2 KILL, etc., etc., etc. »

Les couilles au ras du pont
Les couilles au ras du pont

Le tout est agrémenté de gestes, de mouvements de mains et d’onomatopées diverses sensés être expressifs mais qui restent complètement incompréhensibles au profane. Ils n’ont pour but que de ponctuer et de souligner, au seul initié, l’intensité ou la dramaturgie de la saga.

Il serait trop long de citer tout le vocabulaire imagé de l’aéronautique, mais sachez seulement que :

• une biroute est une manche à air et que la biroute à l’horizontale n’indique pas un état particulier d’excitation, mais que le vent est très fort,

• un PIM est un jeune pilote ; un chibane, un virtuose du manche,

• un pilote qui « s’en met plein le calbut » ne souffre pas forcément d’incontinence, mais subit du facteur de charge (G) au cours d’une manœuvre,

• en météorologie, le pilote ne connaît pas la demi mesure et qu’il fait « un temps de curé » (ou de curée) ou une « météo pourrie »,

• si les biffins ont la couleur « terre de France » (caca-boudin), les aviateurs ont « ciel de FATAC » (gris sombre)

Les relations de l’armée de l’air avec l’extérieur :

Les autres armées :

L’aviateur appelle « biffin » tout militaire de l’armée de Terre, sans distinction. Ce terme n’est pas spécialement péjoratif mais simplement générique, car l’aviateur se refuse à connaître toutes les subtilités de l’organisation de la « biffe ». Il a autre chose à faire dans la vie que de s’occuper de pareilles choses.

La Marine étant peu présente dans les marches de l’est où sévissait la plus grande partie de l’armée de l’Air, les « matafs » ou « chie dans l’eau » laissent l’aviateur plutôt indifférent (à l’exception, peut être des pilotes de l’Aéronavale ou chasse d’eau).

Les « pékins »

Ce sont des êtres gris et tristes que l’on ne côtoie que rarement au cours des « journées portes ouvertes » pour leur signer quelques autographes ou leur couper la cravate au ras du nœud.

Les pilotes de ligne sont des conducteurs d’autobus, grassement payés à rien foutre et toujours en grève, comme les cheminots et les conducteurs de métro.

Et si vous entendez quelqu’un crier : « ET A LA CHAAAAASSE », n’oubliez pas de répondre « BORDEL !!!! »

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