LA VIE QUOTIDIENNE SUR LA BASE PENDANT LA PÉRIODE AMÉRICAINE (3/4)

             

                LA VIE QUOTIDIENNE SUR LA BASE PENDANT LA PÉRIODE AMÉRICAINE

 

           Voici quelques réflexions des Américains logeant en ville :

      « Les maisons en France sont d’un standing bien au-dessous de celui des USA, mais peuvent être aménagées en résidences confortables : le mobilier est très démodé. Le loyer est entre 50 et 90 $ (dollars) pour un meublé, et de 40 à 60 $ pour un non meublé. Il faut y ajouter, bien sûr, les charges dans les deux cas ; or, souvent, les charges sont supérieures au loyer. »

         Voici le témoignage d’un GI, « pétaf » (armurier) sur « F84 », locataire d’un deux pièces dans un village des environs « La location était de 32 $ par mois. Cet immeuble était “vieux’ (selon les critères américains). D’autre part, il n’est pas facile pour les Américains de se nourrir en France. On achetait la plupart de la nourriture au magasin de la Base. Ceci eut pour résultat de ne pas changer nos habitudes alimentaires. Par contre, la maîtresse de maison dut changer sa façon de préparer la nourriture. Elle s’adapta. ll fallut acheter un réfrigérateur, l’appartement n’étant pas équipe d’un tel luxe ! De plus, faire la vaisselle dans un évier sans eau chaude était un autre problème. L’eau chaude devait être prise à la douche, ce qui rendait la plonge plus difficile. Quant au chauffage, il n’était pas assuré par un chauffage central moderne, mais par quatre chauffages au fioul qui consommaient 35 gallons de fioul par semaine durant le long hiver français. Le fioul était amené de la Base dans des bidons de 5 gallons. La seule façon de faire sécher le linge était de l’étendre juste en face du chauffage. Pourtant, selon les critères du logement en France, cet appartement était “au-dessus de la moyenne”, c’est-à-dire, d’un bon standing ! Après un certain temps, on s’y est bien habitué. » Et de conclure : « Ce fut une expérience magnifique que je n’oublierai jamais. Je pense que les Français sont très chaleureux et j’espère revenir un jour en France. »

         Nous avons ainsi parcouru tout le centre de la Base. Revenons sur nos pas dans la « New York Avenue » (avenue centrale), et prenons la route du PC 1 : la 7th Street. Au passage, nous saluons, à gauche, le mess officiers, et, à droite, le Commissary (boutique à victuailles, actuelle armurerie), et l’actuel PC 1, appelé à l’époque « Wing head Quaters » (25) (Quartier général de l’Escadre), endroit « Top secret » où il est très difficile de pénétrer.

       En dessous, à la place de notre actuel CFAA (Centre de Formation à l’Appui Aérien), se trouve le bâtiment (26) où ont lieu les briefings et debriefings des pilotes. En face, s’étendent des espaces verts : les cours de tennis actuels n’existent pas à l’époque, ni la villa du colonel.

   Parallèle à la 7th Street, une route qui longe l’actuelle CTBA (transmissions) et permet d’arriver à la SSIS (Sapeurs-Pompiers), appelée « Hempstead Street » sur laquelle viennent se greffer la « Brooklyn avenue » et la «Oakwood avenue».

      Pour les résidents situés loin de cette agglomération, une voiture est nécessaire. Or, il faut un à six mois pour obtenir une voiture venant directement des Etats-Unis (réceptionnée à Saint-Nazaire ou à La Pallice). On encourage donc l’achat de voitures européennes. Par comparaison, il faut une à deux semaines pour se procurer une voiture française, et un à deux mois pour une voiture allemande. Les plus attractives sont la Volkswagen (Coccinelle), très répandue sur la Base, la Renault (Dauphine), la Simca (Aronde), l’Opel (Record). Par contre, la 2 CV Citroën est strictement interdite. Motif : No Security !

      Voici ce que rapporte un GI de Saint-Louis du Missouri, appartenant au 131ème Squadron à Trab de 1961 à 1962. « Les hommes de Saint-Louis travaillent dur car les avions doivent toujours être opérationnels et prêts au combat. Aussi les GI’s savent-ils faire bon usage de leur temps libre. Profitant des réductions offertes aux militaires américains, ils achètent des véhicules neufs et d’occasion. Les prix des voitures neuves sont particulièrement attractifs. Une Volkswagen, par exemple, coûte à peu près 12 000 $. En plus de ces prix bas, ils peuvent acheter de l’essence sur Base, bien moins chère que les 82 à 90 cents par gallon aux Etats-Unis (un gallon – 3, 78 litres).

      Les ambulanciers américains étaient également très actifs et très rapides. On les trouvait souvent, arrivés avant nous, sur place, lors d’accidents de la route dans le secteur.

Faisant face aux « Ecoles » (EETIS), le bowling disparu et, en dessous de celui-ci, «l’Education Center» (Centre d’Education), actuelle CTBA.

      La Base de TRAB / Toul-Rosières est en effet une base des plus actives en programme d’éducation permanente. Toutes les huit semaines, l’université du Maryland offre 5 cours du soir aux officiers et aviateurs qualifiés désirant poursuivre des études de haut niveau. L’Institut des Forces armées US y donne aussi des cours et on peut se perfectionner dans tous les domaines. Des cours de dactylographie et d’éducation de base y sont également dispensés. Faisant face au CTBA : 4 petits bâtiments, toujours là :

     –  le simulateur (au même emplacement),

     –  un bâtiment occupé par la SSIS (dépôt),

    –  le « Tribunal » (actuel G8),

    –  la tour parachutes, même emplacement

      Remontons à présent la 7th Street (celle du PC 1) jusqu’à I’ERT. Nous rencontrons des bâtiments construits en 1953-1954 (ceux de l’actuel ERT). Ce sont des magasins-entrepôts servant à l’armée et aux civils.

        Une voie ferrée qui vient de la forêt traverse la Base pour aboutir à la porte d’entrée principale (Main Gate). Construite en 1953 pour les besoins de la Base, elle est longue de 15 km. Elle part de l’embranchement SNCF près de la « Croix de Metz » à Toul sur la ligne Paris-Strasbourg pour se terminer sur la Base. Elle longe les bâtiments de l’actuel ERT (Manhattan Avenue). Plusieurs fois par jour, un train vient réapprovisionner en produits divers les différents entrepôts militaires en pièces détachées avions et les différents magasins : AFEX, frigos, boucherie, etc. Les entrepôts frigorifiques sont particulièrement importants et superbes. Une grande partie des Forces US dans l’Est viennent s’y ravitailler.

          « A l’aide de coupons, ils paient l’essence 70 cents le gallon. Les 650 gars de Saint-Louis ont ainsi acheté 100 voitures durant leur séjour en Europe, ce qui leur a permis de transformer leur détachement militaire en « petites vacances touristiques » ! Beaucoup en ont profité pour visiter les pays d’Europe occidentale. Compensation bien méritée, car « voler », c’est le côté « glorieux » de l’USAF, mais, trop souvent, les gens qui entretiennent les avions sont oubliés ! »

      A droite, se trouvent des terrains de base-ball et des courts de tennis, un garage et une chaufferie et, dans le fond, un parc à caravanes (trailers), moitié moins important que l’autre.

Pour tout ce monde, existent d’autres services :

        –  un service d’information et d’entraide, animé par des épouses volontaires pour s’occuper des nouveaux arrivants et de leurs problèmes : installation, clubs, avantages, responsabilités, services d’autobus entre la Base et les villes environnantes,

      –  le Rec Areas : service des excursions (Tour Operator),

        – la Base organise des sorties ou visites dans les environs, soit à travers la France, soit à travers l’Europe (Rome et l’Allemagne) : châteaux, musées, monastères… avec réservations d’hôtel. Verdun est un des centres attractifs de notre secteur,

       – l’organisme des clubs s’occupe de l’entrée en contact avec les clubs français ; club franco-américain, club de chasse et de pêche, sport, échecs, associations de parents d’élèves, d’épouses d’officiers… et, pour les adolescents, scouts masculins et féminins…

        Ainsi, de par sa situation géographique, la Base de TRAB / Toul est-elle une porte ouverte pour visiter toute l’Europe. Le chemin de fer tout proche permet tout déplacement avec facilité, si bien que les désagréments de cette vie un peu terne pour les familles sont compensés par ces sorties qui leur permettent une meilleure connaissance du monde européen.

        En hiver, 9 chaufferies assurent le bien-être des habitants de la Base et, pendant toute l’année, deux « Mobils-Cantines » (gros camions de I’AFEX) tournent toute la journée sur la Base pour servir des boissons réfrigérées, des casse-croûte, des boîtes de fruits.

La SSIS du temps de TRAB

       

 

 

 

 

 

 

 La SSIS actuelle occupe les mêmes bâtiments que les sapeurs-pompiers américains. Ceux-ci ont deux phobies : les Russes et le feu ! Ils disposent de moyens considérables et sophistiqués pour l’extinction des feux. Sur la Base, ils ont combattu deux gros incendies : celui du grand gymnase tout en bois (cité plus haut) et du hangar du 1/11 qui fut complètement détruit, malgré les moyens mis en action. Il n’est pas rare qu’on fasse appel à eux, dans les environs, lors d’incendies importants, chez les civils français.

Un souvenir personnel : en tant qu’aumônier des sapeurs-pompiers de Meurthe-et-Moselle, je me souviens avoir plusieurs fois participé avec les équipes françaises et américaines à l’extinction d’incendies importants. Nous redoutions un peu le matériel américain car, lorsqu’il était mis en œuvre sur nos canalisations d’eau, nous devenions totalement inopérants : à eux seuls, les Américains pompaient toute l’eau disponible, et il ne nous restait plus qu’à les regarder travailler. Quant à leur méthode d’extinction, elle différait beaucoup de la nôtre, ce qui provoquait parfois des mises au point difficiles. Que dire de leurs puissants canons à mousse qui faisaient notre admiration et qui suscitaient notre envie. En prévision de graves incendies, il a été construit de solides réservoirs, en béton, remplis d’eau, près de I’ERT

         GERMAC (premier embryon de la Base), le « Grand Rectangle des Affaires ». Détaillons-le… Il est coupé par la 7th Street. Nous avons là un certain nombre de bâtiments.

      A gauche, 6 bâtiments parallèles.

Ces bâtiments ont été rasés
Ces bâtiments ont été rasés

           — le premier est le bureau des Impressions. On trouve là tous les formulaires administratifs,

             — le deuxième où l’on vend des munitions (fusils et cartouches),

             —le troisième est un stand de tir pour les enfants,

            — le quatrième et les suivants, des bâtiments de bricolage très bien équipés permettant de réaliser des travaux sur bois, travaux de photo, travaux d’art et de dessin.

Au-dessus, une cantine civile, une nurserie et enfin la « station-service Afex », grand garage pour toutes réparations et entretien des véhicules personnels, avec pompes à essence et dépôt automobile

     Les jours de paie, elle vend près de 7 000 litres d’essence pour alimenter les voitures américaines de 25 à 30 chevaux, en particulier des Buick.

      On y trouve tous les types de machines utilisées dans les grands garages aux Etats-Unis (élévateurs hydrauliques…).

Station service et garage
Station service et garage

           Pour les résidents situés loin de cette agglomération, une voiture est nécessaire. Or, il faut un à six mois pour obtenir une voiture venant directement des Etats-Unis (réceptionnée à Saint-Nazaire ou à La Pallice). On encourage donc l’achat de voitures européennes. Par comparaison, il faut une à deux semaines pour se procurer une voiture française, et un à deux mois pour une voiture allemande. Les plus attractives sont la Volkswagen (Coccinelle), très répandue sur la Base, la Renault (Dauphine), la Simca (Aronde), l’Opel (Record). Par contre, la 2 CV Citroën est strictement interdite. Motif : No Security !

      Voici ce que rapporte un GI de Saint-Louis du Missouri, appartenant au 131ème Squadron à Trab de 1961 à 1962. « Les hommes de Saint-Louis travaillent dur car les avions doivent toujours être opérationnels et prêts au combat. Aussi les GI’s savent-ils faire bon usage de leur temps libre. Profitant des réductions offertes aux militaires américains, ils achètent des véhicules neufs et d’occasion. Les prix des voitures neuves sont particulièrement attractifs. Une Volkswagen, par exemple, coûte à peu près 12 000 $. En plus de ces prix bas, ils peuvent acheter de l’essence sur Base, bien moins chère que les 82 à 90 cents par gallon aux Etats-Unis (un gallon – 3, 78 litres).

      Les ambulanciers américains étaient également très actifs et très rapides. On les trouvait souvent, arrivés avant nous, sur place, lors d’accidents de la route dans le secteur.

      Faisant face aux « Ecoles » (EETIS), le bowling disparu et, en dessous de celui-ci, «l’Education Center» (Centre d’Education), actuelle CTBA.

Bowling et éducation center
Bowling et éducation center

La Base de Toul-Rosières est en effet une base des plus actives en programme d’éducation permanente. Toutes les huit semaines, l’université du Maryland offre 5 cours du soir aux officiers et aviateurs qualifiés désirant poursuivre des études de haut niveau. L’Institut des Forces armées US y donne aussi des cours et on peut se perfectionner dans tous les domaines. Des cours de dactylographie et d’éducation de base y sont également dispensés. Faisant face au CTBA : 4 petits bâtiments, toujours là :

       – le simulateur (au même emplacement),

      – un bâtiment occupé par la SSIS (dépôt),

      – le « Tribunal » (actuel G8),

      – la tour parachutes, même emplacement

Remontons à présent la 7th Street (celle du PC 1) jusqu’à I’ERT. Nous rencontrons des bâtiments construits en 1953-1954 (ceux de l’actuel ERT). Ce sont des magasins-entrepôts servant à l’armée et aux civils.

La voie ferrée
La voie ferrée

       Une voie ferrée qui vient de la forêt traverse la Base pour aboutir à la porte d’entrée principale (Main Gate). Construite en 1953 pour les besoins de la Base, elle est longue de 15 km. Elle part de l’embranchement SNCF près de la « Croix de Metz » à Toul sur la ligne Paris-Strasbourg pour se terminer sur la Base. Elle longe les bâtiments de l’actuel ERT (Manhattan Avenue).

L'arrivée de la voie ferrée
L’arrivée de la voie ferrée

Plusieurs fois par jour, un train vient réapprovisionner en produits divers les différents entrepôts militaires en pièces détachées avions et les différents magasins : AFEX, frigos, boucherie, etc. Les entrepôts frigorifiques sont particulièrement importants et superbes. Une grande partie des Forces US dans l’Est viennent s’y ravitailler.

       « A l’aide de coupons, ils paient l’essence 70 cents le gallon. Les 650 gars de Saint-Louis ont ainsi acheté 100 voitures durant leur séjour en Europe, ce qui leur a permis de transformer leur détachement militaire en « petites vacances touristiques » ! Beaucoup en ont profité pour visiter les pays d’Europe occidentale. Compensation bien méritée, car « voler », c’est le côté « glorieux » de l’USAF, mais, trop souvent, les gens qui entretiennent les avions sont oubliés ! »

      A droite, se trouvent des terrains de base-ball et des courts de tennis, un garage et une chaufferie et, dans le fond, un parc à caravanes (trailers), moitié moins important que l’autre.

     Pour tout ce monde, existent d’autres services :

       – un service d’information et d’entraide, animé par des épouses volontaires pour s’occuper des nouveaux arrivants et de leurs problèmes : installation, clubs, avantages, responsabilités, services d’autobus entre la Base et les villes environnantes,

     – le Rec Areas : service des excursions (Tour Operator),

     – la Base organise des sorties ou visites dans les environs, soit à travers la France, soit à travers l’Europe (Rome et l’Allemagne) : châteaux, musées, monastères… avec réservations d’hôtel. Verdun est un des centres attractifs de notre secteur,

      – l’organisme des clubs s’occupe de l’entrée en contact avec les clubs français ; club franco-américain, club de chasse et de pêche, sport, échecs, associations de parents d’élèves, d’épouses d’officiers… et, pour les adolescents, scouts masculins et féminins…

     – Ainsi, de par sa situation géographique, la Base de Toul est-elle une porte ouverte pour visiter toute l’Europe. Le chemin de fer tout proche permet tout déplacement avec facilité, si bien que les désagréments de cette vie un peu terne pour les familles sont compensés par ces sorties qui leur permettent une meilleure connaissance du monde européen.

Une des 9 chaufferies de TRAB
Une des 9 chaufferies de TRAB

 

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